Pour terminer, permettez-moi de prendre encore un peu de champ. Finalement, ce qui perturbe certains d'entre nous dans cet allongement du délai légal d'avortement, c'est le fait qu'il rende encore plus facile d'arrêter de faire des enfants. On le voit bien, les sociétés occidentales évoluent toutes vers une forme d'« eusocialité », pour reprendre le terme du sociobiologiste Edward O. Wilson. On pourrait en parler durant de longues minutes ; je vous renvoie donc à ses ouvrages. Mais ce modèle social – cette hypothèse sociale – qui caractérise les sociétés d'insectes favorise probablement la capacité de l'humanité à survivre, malgré sa surpopulation sur la terre. Il implique néanmoins une régulation probablement à l'œuvre, dont nous ne sommes mêmes pas conscients. L'humanité se fait peur lors de pandémies massives ; elle se reproduit moins dans un pays dès lors qu'il s'occidentalise, se développe. Ce sont autant de questions ouvertes et de réponses possibles.
Le regard que je jette sur cette question n'est pas un jugement sur les comportements sociologiques : c'est un regard anthropologique qui tente de comprendre pourquoi, dans le monde, nous essayons de réduire et de contrôler les naissances. Échapper à la fatalité de notre nature animale et la contrôler, est-ce le sujet que nous traitons ? Ou bien les hommes et les femmes n'en sont-ils pas conscients ? Le sujet est-il plus profond que cela ?