En vous répondant, madame la députée, je répondrai aussi à plusieurs des interventions qui ont été faites sur l'article 3. Beaucoup ont souligné, à juste titre, les moyens humains qui sont mis au service de la politique de lutte contre le harcèlement scolaire.
J'insisterai sur deux éléments de réponse. D'abord, comme vient de le souligner le rapporteur, la réponse apportée doit avoir une dimension systémique et concerner tous les adultes de l'établissement. Il est donc essentiel qu'ils soient tous formés sur ce thème. Sinon, nous risquons de compartimenter – c'est le risque que nous courons s'agissant plus généralement de tous les problèmes liés à la vie scolaire –, donc de donner lieu à une forme d'hyperspécialisation sur chaque domaine. Or, comme le font d'ailleurs d'autres systèmes scolaires à l'étranger, nous devons au contraire encourager une responsabilisation transversale de tous les acteurs. Il faut que nous gardions cette exigence à l'esprit.
Cependant – c'est mon second point –, l'intervention spécifique de certains personnels n'en reste pas moins tout particulièrement pertinente : je pense en premier lieu aux personnels sociaux et de santé. Il est exact que sur les sujets de harcèlement, notamment, l'infirmière se trouve en première ligne.
Plusieurs d'entre vous ont souligné que nous manquions de moyens humains pour traiter cette question : c'est en partie vrai, mais une telle affirmation doit tout de même être remise en perspective. D'abord, et c'est la nouvelle principale que je veux partager avec vous en la matière, nous allons créer, pour la rentrée prochaine, celle de 2022 – c'est prévu dans le budget que vous avez voté récemment – 300 postes de conseillers principaux d'éducation. C'est totalement inédit ! Je n'ai pas souvenir que cela ait déjà été fait. C'est à l'évidence complètement lié au sujet qui nous occupe aujourd'hui, celui du climat scolaire. Nous savons à quel point les CPE – j'en profite pour leur rendre hommage – jouent un rôle-clé dans notre système éducatif, dans nos collèges et nos lycées. La fonction demeure très attractive, à rebours des problèmes d'attractivité qui peuvent parfois exister dans le milieu scolaire et qui ont été soulignés hier encore, à l'occasion des questions au Gouvernement. Les nouveaux CPE qui arriveront, dont le nombre a d'ailleurs vocation à se multiplier, auront un rôle décisif à jouer pour améliorer le climat scolaire. C'est donc une erreur de penser qu'en la matière, nous nous trouvons en situation de pénurie.
Ensuite, on a également coutume de dire que les postes de médecins et d'infirmières scolaires ne sont pas attractifs. Certes, c'est particulièrement vrai des médecins scolaires et des mesures restent à prendre pour valoriser leur métier. Il faudra le faire dans les temps qui viennent, et nous avons d'ailleurs commencé en augmentant leurs salaires et leurs primes ; nous continuerons en ce sens. Il faut le dire : sur 1 505 postes, seuls 631 sont pourvus. Il y a donc un réel problème que je suis le premier à souligner. J'espère que les mesures que nous prenons visant à renforcer leur attractivité feront sentir leurs premiers effets à la rentrée prochaine. Cela doit aussi passer – certains l'ont dit – par un travail de coopération avec les départements et, plus généralement, avec les autres structures de santé intervenant à l'école, en particulier la PMI – protection maternelle et infantile. Une telle dynamique devra être renforcée à l'avenir.
Les infirmières scolaires, elles, ne sont pas concernées par ce problème de sous-consommation. Sur 7 680 emplois délégués, 7 705 sont utilisés : nous avons même plutôt affaire à une surconsommation des emplois, qui se justifie d'ailleurs complètement. Même si on peut toujours souhaiter qu'il y en ait davantage, nous disposons donc d'un grand nombre d'infirmières scolaires. Ce n'est cependant pas encore suffisant et il faudra encore créer des postes supplémentaires dans les temps qui viennent, ne serait-ce que pour remédier à certaines conséquences graves de l'épidémie de covid-19, notamment l'accroissement des problèmes psychologiques – et plus généralement de santé.
Enfin, s'agissant des assistantes sociales, là aussi, l'ensemble des 2 844 emplois est pourvu. Il faut également renforcer la coopération dans ce domaine – je rappelle qu'il existe des assistantes sociales qui dépendent des départements et que c'est le travail en équipe qui nous permettra de faire face aux problèmes que nous devons affronter.
Je suis donc tout à fait disposé à reconnaître que les moyens doivent être renforcés en la matière : ils le sont, précisément, dans le cadre du PLF pour 2022. Les coopérations doivent, elles aussi, être renforcées : elles le seront, n'en doutons pas, grâce à des évolutions qui demeurent souhaitables. Mais j'insiste : des moyens importants existent déjà et des évolutions importantes sont en cours. Le sujet n'est pas clos : notre action a évolué et continuera de le faire. Voilà ce que je voulais ajouter à l'avis du rapporteur, en réponse à vos commentaires : il est essentiel que nous réussissions à mettre en œuvre un travail systémique de coopération entre les acteurs concernés, qu'ils soient sociaux ou médicaux. Avis défavorable.