Madame Thill, le Conseil scientifique de l'éducation nationale a été créé en ce début d'année 2018, avec les finalités que vous avez rappelées. Il ne faut pas cesser de le rappeler : la République est fille des Lumières et l'école de la République fille de la République ; d'une certaine façon, l'école de la République est donc petite-fille des Lumières. Lorsqu'elle s'éloigne de l'esprit des Lumières, elle s'éloigne d'elle-même. Nous avons aujourd'hui à éclairer davantage le chemin de l'école par l'esprit des Lumières. Or, l'esprit des Lumières, c'est notamment les sciences.
Le ministère de l'éducation nationale, dans un siècle où la notion de progrès est parfois remise en question et où se révèlent des forces obscurantistes, c'est le ministère de la science, du savoir, de l'immatériel. Il est donc bien naturel que les politiques publiques ne soient pas réglées par les mêmes débats d'opinion, décennie après décennie, mais soient au contraire guidées par l'avancée des sciences.
Il ne s'agit pas pour autant d'adopter une perspective scientiste car, en matière d'éducation, on ne saurait considérer qu'une science apporte la solution à tous les problèmes, et le Conseil scientifique de l'éducation nationale ne prétend pas à cette logique. Tout au contraire : grâce à la pluridisciplinarité, que vous avez évoquée, en réunissant vingt et une personnes venues de disciplines différentes, et en tenant compte des grandes révolutions scientifiques et technologiques de notre époque – les sciences cognitives en font partie car elles nous apprennent toujours plus sur l'apprentissage – , ce conseil scientifique pourra éclairer, à ma demande, les différentes décisions à prendre ainsi que les différents sujets traités par le Conseil supérieur des programmes.
Puisque vous avez demandé des exemples, je vous en donnerai deux. Le premier concerne l'évaluation des élèves en début d'année, pour éclairer le reste de l'année scolaire et personnaliser les apprentissages : le Conseil scientifique sera saisi sur le type d'évaluation auquel il conviendra de procéder dans l'intérêt des élèves, et chaque des disciplines pourra participer à cet éclairage. Le second exemple concerne les manuels scolaires : le Conseil scientifique pourra nous donner un éclairage très utile à ce sujet, sur lequel nous avons également à progresser.