Je veux partager avec vous une rencontre bouleversante que j'ai faite hier : celle de Stéphanie Mistre, la maman de Marie, 15 ans, qu'elle a trouvée pendue dans sa chambre le 12 septembre. Cette histoire effroyable illustre tous les aspects de notre échec collectif.
Tout d'abord, la petite Marie a eu honte d'être victime de pornodivulgation – ou revenge porn. Sur les réseaux sociaux, on a retrouvé des snaps qui n'avaient fait l'objet d'aucune modération. Lorsqu'elle a finalement parlé à des adultes, l'école a prononcé trois jours d'exclusion pour les auteurs des faits et a proposé qu'ils lui présentent des excuses par texto – oui, par texto ! Et lorsque sa maman s'est déplacée au commissariat pour déposer plainte, c'est elle qu'on a culpabilisée : voulez-vous vraiment déposer plainte contre des enfants, lui a-t-on demandé ? Aujourd'hui, alors que sa fille s'est suicidée, on essaie encore de l'en dissuader.
C'est effroyable. Nous avons besoin d'offrir aux victimes et à leurs parents des outils nouveaux ; le droit pénal est aussi là pour cela. Non, le harcèlement scolaire n'est pas un rite de passage obligatoire vers l'âge adulte, il engendre des souffrances réelles. Le délit est là pour la clarté de notre règle commune : celle d'un interdit pénal et sociétal. En effet, c'est toute la société qui souffre avec ces mères et ces victimes, avec Stéphanie Mistre, Nora Fraisse et toutes les autres. C'est important de dire à tous les enfants victimes de cyberharcèlement et de harcèlement scolaire que la société pose un interdit clair et net. C'est l'objectif de l'article 4, que nous voterons des deux mains.