Nous n'allons pas nous convaincre, non parce que je suis obtuse mais parce que des convictions fortes nous séparent.
L'exemple de l'étudiant et du directeur de thèse ou de l'attaché temporaire d'enseignement et de recherche (ATER) doit être évacué car il crée de la confusion sur ce qu'est le harcèlement scolaire. À mes yeux, comme à ceux de la justice, d'ailleurs, ce n'est pas là du harcèlement scolaire car il existe un lien de subordination et de domination, voire d'emprise, caractérisé devant la justice pénale.
J'entends ce que vous dites tous les deux sur le risque de bascule vers la judiciarisation. La fonction expressive dont vous parlez, monsieur le rapporteur, comporte deux aspects. D'un côté, elle prononce un interdit, dans le lieu de l'école. L'école dit que le harcèlement scolaire est interdit, comme elle interdit de taper ou de mal se comporter, mais sans menacer les enfants de prison. La fonction qui est importante et que l'on doit chercher à développer avant tout est l'interdit éducatif : il est interdit de taper parce que cela fait mal ou fait souffrir l'autre. J'espère bien que les professeurs n'expliqueront pas demain à un enfant qu'il ne doit pas harceler son camarade, sous peine de finir en prison ou de passer devant la justice. La fonction expressive est donc assez obscure.
Le second aspect, c'est qu'il y a des parents très inquiets qui, quand leur enfant rentre à la maison et ne va pas bien, identifient eux-mêmes le harcèlement scolaire, que cela en soit ou non, et se rendront automatiquement au commissariat porter plainte, avant même d'aller voir la direction de l'école, faute d'une réponse éducative : ce glissement m'inquiète profondément.