Monsieur le ministre, je souhaiterais appeler votre attention sur les cours d'enseignement des langues et cultures d'origine, ou ELCO. Ces cours sont dispensés à partir du CE1, à titre optionnel, à raison d'une heure et demie à trois heures par semaine, par des enseignants qui ont reçu leur formation dans leur pays d'origine et pour lesquels le contrôle est relativement léger, avec parfois un risque de prosélytisme déguisé de la part de pays religieux.
Le maintien de ce dispositif n'a aujourd'hui plus de sens. Sa base juridique est en effet constituée d'accords internationaux bilatéraux signés entre 1977 et 1985 et d'une directive européenne de 1977 qui visaient à permettre aux enfants de familles immigrées de poursuivre une formation dans leur langue d'origine en attendant de retourner dans leur pays. Aujourd'hui, ces cours s'adressent à des enfants français issus de la troisième génération d'immigrés, qui ne retourneront évidemment jamais dans leur pays d'origine. Ce dispositif, qui me semble communautariste, va à l'encontre de la cohésion nationale, comme le soulignait en 2011 le Haut conseil à l'intégration lui-même, en en demandant la suppression.
De nombreux parents d'élèves ne comprennent donc toujours pas pourquoi on favorise les langues d'origine – au détriment, soit dit en passant, de l'apprentissage du latin ou du grec, voire tout simplement du français. Les conclusions de l'enquête PIRLS, réalisée tous les cinq ans, ont du reste montré que le niveau de lecture et de compréhension des textes des élèves français de CM1 déclinaient sérieusement depuis vingt ans par rapport à la moyenne de nos voisins européens, et vous avez vous-même jugé ces résultats préoccupants.
Les parents ne sont pas les seuls à s'interroger : des maires refusent l'introduction de ces enseignements dans leurs écoles et, dans la circonscription dont je suis élu, le maire de Pertuis, Roger Pellenc, s'est vu imposer la mise en place de ces enseignements alors qu'il n'en avait même pas été préalablement informé par l'inspection académique et n'a découvert cette obligation que par hasard.
Ma question est donc très simple : pensez-vous qu'il faille continuer à dispenser des cours de langue d'origine à des enfants qui peinent déjà à lire et à comprendre des textes en français, et ne pensez-vous pas que ces enseignements ont un impact en termes de communautarisme et de cohésion nationale ?