Intervention de Alain Bruneel

Séance en hémicycle du jeudi 2 décembre 2021 à 9h00
Pour une santé accessible à tous et contre la désertification médicale — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bruneel :

Avec de tels délais, à coup sûr, des milliers de citoyens renonceront à se soigner. Une fracture sociale se creuse dans tout le territoire.

En 2017, 3,1 % des personnes de 16 ans ou plus vivant en France métropolitaine, soit 1,6 million de personnes, ont renoncé à des soins médicaux, d'après l'enquête « Statistiques sur les ressources et les conditions de vie » de l'INSEE.

Quand on prend en compte les caractéristiques des personnes interrogées, telles que l'âge, le sexe, le diplôme ou la situation sur le marché du travail, les personnes touchées par la précarité ont trois fois plus de risques de renoncer à des soins que les autres. En outre, dans une zone très sous-dotée en médecins généralistes, le risque de renoncement à ces mêmes soins est huit fois supérieur à celui du restant de la population.

Ces graves difficultés risquent malheureusement de ne pas s'arranger de sitôt : en mars 2021, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) a publié un dossier sur la démographie récente et à venir pour les professions médicales et pharmaceutiques. Selon cette étude, le nombre de médecins généralistes stagnera jusqu'en 2030 tandis que les besoins de soins d'une France vieillissante croîtront.

Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour vous alerter sur la situation des étudiants en médecine. Leur parcours demande beaucoup d'investissement et de sacrifices. Force est de constater qu'aujourd'hui ces jeunes se retrouvent face à une réforme injuste. Les capacités d'accueil devaient augmenter, mais les promesses ne sont pas au rendez-vous.

Le Gouvernement a décidé de mettre en place une réforme visant à modifier le profil des étudiants en transformant la PACES en licence de santé. Or, si le but de la réforme est louable, sa mise en place est catastrophique. C'est la douche froide !

J'ai reçu de nombreux témoignages de détresse. Marie, étudiante en première année de médecine, me disait : « Aujourd'hui, j'ai 19 ans. Je me retrouve face à un mur : si j'échoue, je ne sais pas ce que je vais faire car il n'y a que la santé qui m'intéresse. Je suis désemparée. C'est psychologiquement très difficile de se dire que, peut-être, on fait tout ça pour rien ! En cas d'échec, certains étudiants partiront se former à l'étranger ; moi, je n'en ai pas les moyens ; il faudra donc que je me résigne à abandonner ma vocation et mes rêves. »

Comme vous le constatez, les futurs médecins sont abattus avant même d'être diplômés. Anxiété, dépression, épuisement : leur santé est en danger.

Une nouvelle fois et par le biais de la journée parlementaire qui lui est réservée, mon groupe propose une loi pour une santé accessible à tous et contre la désertification médicale. Ce texte vise à instituer un ensemble de mesures indispensables pour lutter contre la pénurie, mais aussi pour améliorer l'accès aux soins de toute la population française, sans exception, et parvenir ainsi à une plus grande justice sociale en matière de santé.

L'heure est grave. Saisissez-vous de cette proposition. L'accès aux soins est une priorité nationale. Il faut agir contre la désertification médicale.

L'urgence, c'est maintenant. La réponse est ici, alors ne ratez pas le coche. Redessinons ensemble le paysage sanitaire.

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