Madame Buffet, je suis évidemment très sensible à la question que vous posez. Je souhaite développer ce que j'ai dit tout à l'heure à propos des enjeux de la petite enfance.
La scolarisation des enfants en maternelle est un enjeu crucial, et j'espère qu'un certain nombre des questions que vous venez de poser trouveront des réponses au cours des discussions que nous mènerons au mois de mars dans le cadre des Assises de la maternelle – où les représentants de la nation ont évidemment toute leur place. Elles nous permettront aussi de fournir un certain nombre d'éclairages, car la question de la scolarisation en maternelle dès deux ans ne fait pas l'objet d'analyses si évidentes que cela. Le rapport de France Stratégie révélé il y a quelques jours s'interroge d'ailleurs sur ses effets réels.
Par ailleurs, vous l'avez noté, en dépit de la politique volontariste menée ces dernières années en la matière, il n'y a pas eu de réels progrès, puisque nous sommes passés de 11 % à 12 % des enfants scolarisés, sans réussir à renouer avec les chiffres de 2000 que vous avez rappelés. Sur le terrain, nous peinons souvent à convaincre les familles défavorisées de bénéficier de cette possibilité.
Cela veut dire que nous avons aussi besoin de politiques alternatives, et que l'on ne saurait tout fonder sur cette politique de scolarisation dès deux ans – même si à mes yeux, il importe d'en maintenir la possibilité sans pour autant en faire l'alpha et l'oméga de la politique de la petite enfance.
Ceci nous renvoie à la nécessaire cohérence entre les politiques dédiées à la petite enfance menées par différentes institutions – notamment sous l'égide du ministère des affaires sociales ou des collectivités locales – et les politiques de la maternelle menées par l'éducation nationale.
Je partage avec vous l'objectif que l'immense majorité ou la quasi-totalité des enfants aille à l'école maternelle – ce qui nous renvoie aux débats du mois de mars prochain. En tout cas, je pense que nous partageons tous le même objectif sur ces bancs : la politique en faveur des 0-6 ans doit permettre que tous les enfants de France puissent, dès le début, avoir une bonne vie scolaire.