Intervention de Christine Pires Beaune

Séance en hémicycle du mercredi 17 janvier 2018 à 21h30
Questions sur la politique du gouvernement à l'égard des migrants

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristine Pires Beaune :

Madame la présidente, monsieur le ministre d'État, ministre de l'intérieur, chers collègues, au fil du temps, avec la fermeture d'autres routes migratoires, la Libye est devenue un point de passage inévitable pour de nouveaux migrants. De ce fait, l'Union européenne a décidé, en 2016, de mettre en place une coopération avec ce pays, afin d'instaurer un contrôle des flux migratoires entre les deux continents.

En novembre dernier, vous vous en souvenez, la chaîne CNN diffusait les images d'une vente aux enchères d'êtres humains en Libye. Les journalistes y mettaient en lumière l'existence d'une traite d'esclaves, qui suscita une vague d'émotion et d'indignation à travers le monde. Le Président de la République avait alors dénoncé, à juste titre, un véritable crime contre l'humanité, et il s'était alors engagé en faveur d'opérations d'évacuation d'urgence de ces migrants, victimes de trafiquants d'êtres humains.

Et pourtant, une fois encore, M. Macron applique le principe du « et en même temps ». Je note en effet une incohérence du discours politique au plus haut sommet de l'État, qui met à nouveau en évidence une contradiction entre la parole et les actes. Patrick Weil déclarait, il y a quelques jours : « M. Macron, c'est l'inverse de M. Sarkozy. M. Sarkozy était violent verbalement mais, sur le terrain, il était pragmatique. M. Macron est doucereux verbalement et, sur le terrain, c'est la dague. Il est un peu comme un chasseur à courre qui ferait des messages d'amour, le soir, pour les animaux. C'est ce qu'il fait pour les migrants : il leur souhaite des voeux, il dit bienvenue aux réfugiés et il signe la nuit des ordres qui les mettent dans la rue et les empêchent de se nourrir. »

Il est facile de déclarer que l'on veut mettre fin à l'esclavage – c'est ce que nous voulons tous, bien évidemment. Mais il est encore plus facile de renvoyer en même temps les migrants en Libye, en les jetant ainsi dans la gueule du loup. Le courage et la responsabilité devraient imposer à la France de se retirer de la coopération entre l'Union européenne et la Libye – coopération que le Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU a qualifiée d'inhumaine.

Il n'est plus possible qu'un pays comme le nôtre se fasse le complice de ces criminels, qui traumatisent, dépouillent, battent, violent et vendent des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants.

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