Monsieur le ministre d'État, je ne mettrai pas en parallèle les mots du candidat à la présidence de la République sur la nécessité d'accueillir dignement les migrants, avec les actes du Président. Je reprendrai simplement la phrase de Patrick Boucheron, parue dans un article de Libération en date du 11 janvier : « Aux pouvoirs injustes, on ne doit pas opposer la beauté des principes mais la vérité des pratiques ».
Or, vos pratiques, depuis votre arrivée aux responsabilités, ne sont pas dignes de notre histoire. En effet, depuis huit mois, qu'avez-vous fait ? Un mémoire visant à garantir le droit d'asile et mieux maîtriser les flux migratoires, dont vous n'avez mis en application que les propositions les plus répressives, une circulaire du 4 décembre demandant aux préfets d'augmenter leurs objectifs d'éloignement des personnes déboutées du droit d'asile ou « dublinées », une circulaire du 12 décembre afin de recenser et contrôler les migrants dans les centres d'hébergement d'urgence instituant, de fait, un « tri » des étrangers, des pratiques policières allant parfois jusqu'à détruire les tentes ou empêcher des associations et des particuliers de distribuer de la nourriture ou des vêtements.
« Aucun Gouvernement, depuis la Seconde guerre mondiale, n'avait osé aller jusque-là ». Ce ne sont pas mes mots, mais ceux de Patrick Weil. Plusieurs maires de France, des associations, des intellectuels, des particuliers, en appellent au retour à l'accueil inconditionnel des personnes en situation de détresse, tel qu'il est prévu par la loi.
Avant Noël, je vous avais interpellé, monsieur le ministre d'État, sur la situation concrète de Ouistreham. Après trois tempêtes, les migrants sont toujours dehors à attendre le bateau et subissent de nombreuses pressions, sans parler des traitements indignes. Les dispositifs existants sont manifestement inadaptés et les annonces du Président, hier, ne concernaient que l'organisation de la distribution de repas à Calais. C'est bien maigre au regard de la situation de ces personnes à Paris, dans le Sud de la France ou à Ouistreham. Quant au projet de loi que vous avez présenté aux associations la semaine dernière, il ne comporte pas de réponses appropriées aux atteintes portées aux droits humains.
Monsieur le ministre d'État, quelles mesures le Gouvernement entend-il prendre pour rétablir un accueil digne et inconditionnel de ces personnes en détresse et respecter ainsi les engagements de la France en matière d'accueil ?
Le 20/01/2018 à 18:15, Laïc1 a dit :
" Plusieurs maires de France, des associations, des intellectuels, des particuliers, en appellent au retour à l'accueil inconditionnel des personnes en situation de détresse, tel qu'il est prévu par la loi."
J'aime bien l'expression "accueil inconditionnel", ça veut dire quoi exactement ?
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