Monsieur le ministre d'État, le projet de loi sur l'asile et l'immigration, qui doit être prochainement soumis au Conseil d'État, fait déjà couler beaucoup d'encre. Sur un sujet qui touche à notre humanité profonde, il est de notre responsabilité, en tant que représentants de la nation, de déconstruire fantasmes et caricatures sur la teneur du futur texte.
Oui, pour que la France soit à la hauteur de sa tradition en matière d'asile, il fallait avoir le courage politique de proposer une réforme ample et ambitieuse, car le système dysfonctionne depuis des années.
Le Président de la République l'a rappelé hier lors de votre visite conjointe à Calais, l'ensemble de la procédure doit être refondée : délais d'examen, hébergement, meilleure intégration et aussi effectivité des mesures d'éloignement.
Mais plus généralement, ce sont des solutions globales innovantes qu'il faut mettre en place.
J'ai eu le plaisir de vous recevoir au mois de décembre, dans ma circonscription du Xe arrondissement de Paris, dans les locaux de l'association France Horizon. Nous avions accueilli 55 réfugiés en provenance du Sahel dans le cadre de l'extension du programme de réinstallation annoncée par le Président de la République.
Ce dispositif innovant et humaniste consiste en l'accueil de réfugiés venant de camps gérés par le HCR, comme au Niger, au Tchad ou en Turquie. Il concerne des personnes présélectionnées par le HCR en raison de leur grande vulnérabilité. Il présente un double avantage : d'une part, il permet de lutter contre les filières clandestines, les réseaux de passeurs et le trafic d'êtres humains et d'éviter aux personnes de prendre des risques insensés en traversant la Libye puis la Méditerranée. D'autre part, il permet de mieux accueillir les réfugiés : les agents de l'OFPRA ayant examiné leur situation directement sur place, ils peuvent, dès leur arrivée, commencer leur parcours d'intégration dans les meilleures conditions.
Ma question est double : quelles sont les prochaines missions de réinstallation prévues ? Pour plus d'efficacité, la France ne devrait-elle pas inciter ses partenaires européens à suivre cet exemple de pratique vertueuse ?