…c'est original. La maxime voudrait que vous réfléchissiez avant d'agir, mais il semble que nous assistions en direct à vos allers et retours, à vos hésitations et à vos atermoiements.
Dans la droite ligne de la fameuse loi d'accélération et de simplification de l'action publique, dite ASAP, nous examinons désormais le projet de loi relatif à la différenciation, la décentralisation et la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale – et encore, nous avons échappé de peu à l'ajout, dans ce titre barbare, du terme de « décomplexification ». S'il est une logique, un principe directeur qui préside à ce texte fourre-tout et guide votre action publique depuis ses débuts, c'est bien la simplification.
Simplifier, simplifier, simplifier ; mais pour qui ? Depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, la réponse est limpide : le choc de simplification s'adresse aux intérêts privés, et plus particulièrement à ceux des riches, en vertu d'une logique curieuse selon laquelle les riches auraient la vie dure et qu'il faudrait encore la leur simplifier. Pourtant, dans notre pays, accumuler des richesses sans fin n'a jamais été aussi simple. En France, le patrimoine des ultrariches est le plus indécent au monde : il a augmenté de 439 % en dix ans. En France, les entreprises du CAC40 versent 51 milliards d'euros aux actionnaires, somme qui s'est accrue de 22 % en 2021. En France, les milliardaires sont les plus riches d'Europe.
Notre proposition de taxer les profiteurs de crise qui se sont gavés sur l'épidémie et sur notre malheur national : refusé ! L'interdiction de verser des dividendes pendant cette période : refusé ! Le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune, même provisoirement : refusé ! Tout cela ne serait que pure démagogie : à quoi bon tenter de susciter l'adhésion des masses quand il ne vous faut que celle des plus fortunés.
En revanche, la simplification ne concerne pas les plus pauvres : plus on est macroniste, plus on leur complique la vie. La lutte contre les chômeurs plutôt que le chômage est un préalable pour tout bon macroniste qui se respecte. Votre réforme en la matière permettra de faire 2,3 milliards d'euros d'économies sur le dos des personnes privées d'emploi. Néanmoins, il faut le reconnaître, vous êtes champions pour simplifier les licenciements,…