Vous avez raison, madame Khattabi : le nombre de passages dans les structures d'urgence augmente régulièrement, de 3,5 % par an depuis les années 1990, pour dépasser en 2015 les vingt millions de passages par an. Les difficultés se concentrent sur la période hivernale et les pics épidémiques. Les réponses se trouvent en amont, en termes d'organisation et d'ouverture de la médecine libérale au-delà des horaires habituels ; au sein des établissements, en termes de gestion des lits ; et en aval, afin de décongestionner les hôpitaux.
Ces difficultés sont régulièrement dénoncées par les professionnels de terrain. Comme je l'ai rappelé tout à l'heure, j'ai réuni les urgentistes au tout début de l'hiver afin d'anticiper avec eux les difficultés que nous allions rencontrer lors du pic grippal.
Plusieurs mesures ont été prises. L'agence nationale d'appui à la performance a développé un logiciel de gestion des lits, adapté aux périodes de forte tension. Lancé en 2013, il est actuellement déployé dans 150 établissements de santé et devrait s'étendre à d'autres encore. Il permet des gains d'activité.
Par ailleurs, j'ai missionné le Conseil national de l'urgence hospitalière afin qu'il formule en 2018 des propositions relatives à l'organisation et à la mise en place d'un suivi des difficultés de l'aval des services d'urgence et, globalement, à une meilleure gestion des flux.
J'ai en outre demandé la mise en place d'une mission parlementaire sur la prise en charge des soins non programmés. Menée par Thomas Mesnier, elle vise à identifier les conditions d'accès en réponse à une demande de soins non programmés des patients, notamment dans le secteur ambulatoire.
Nous avons également travaillé sur les EHPAD – établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. La création de postes d'infirmières de nuit en 2018 permettra de maintenir leurs résidents sur place, et la télémédecine nous aidera également à mieux en suivre les patients. En outre, nous favorisons l'hospitalisation à domicile en cas de saturation en période hivernale.
Enfin, nous avons lancé, le 20 décembre dernier, le chantier du droit des autorisations, qui permettra de mieux réfléchir à l'organisation de la médecine d'urgence et probablement d'améliorer ses conditions d'application. Bref, de nombreuses mesures ont été initiées, qui devraient être appliquées dans le courant de l'année 2018.