Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Les financements promis par le Ségur de la santé sont totalement inéquitables. Pire, ils ont suscité de l'amertume. Les professionnels du secteur social et médico-social, les médecins coordinateurs des EHPAD et les salariés des prestataires de restauration et d'hygiène sont en effet les grands oubliés du Ségur de la santé, ce qui a pour conséquence une perte d'attractivité de ces métiers, des démissions, des salaires en berne et des lits perdus.
Plus largement, les hôpitaux sont à l'agonie, les EHPAD sont bien malades et les services à la personne sont au plus mal. Tous sont en manque de personnel, ce qui démotive les équipes restantes déjà épuisées. Pour les personnels de direction, c'est un véritable casse-tête : comment gérer ce qui est ingérable ? Aux problèmes de ressources humaines vient s'ajouter un problème financier : les enveloppes promises par l'État ne sont pas encore toutes arrivées ! Pourquoi ? Simplement parce que les revalorisations ont toutes été sous-calibrées – elles ne tiennent pas compte des effectifs réels – et que le mode de calcul est très opaque. À cela s'ajoutent le surcoût lié à la crise sanitaire et les pertes de recettes dans les EHPAD. Les écarts importants constatés entre le coût réel et les financements perçus ont des conséquences sans précédent sur l'équilibre structurel des établissements.
Compte tenu de la crise actuelle, les EHPAD sont confrontés à une flambée sans précédent des coûts – prix des denrées alimentaires, de l'énergie et des travaux, salaires – et font face à une pénurie de main-d'œuvre. Ils souffrent d'une revalorisation trop faible des prix de journée, liée aux ressources insuffisantes des résidents, et se voient imposer des injonctions paradoxales : objectifs de sécurité, de qualité, restructuration, bientraitance, objectifs CPOM (contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens), sans moyens supplémentaires.