Intervention de Bruno Bilde

Séance en hémicycle du vendredi 10 décembre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Bilde :

Ce projet de loi de finances pour l'année 2022 est le dernier budget du quinquennat d'Emmanuel Macron, candidat non déclaré à l'élection présidentielle, mais d'ores et déjà en campagne. Ainsi, nous sommes amenés à débattre d'un budget insincère, bidonné au fur et à mesure des annonces électoralistes du candidat Macron.

Ce projet encore marqué par la crise sanitaire est celui d'une nouvelle course au déficit, alors même qu'il est difficile de mesurer aujourd'hui les conséquences budgétaires exactes de la cinquième vague épidémique. La folle course en avant de la dépense publique s'accélère encore. Cette dépense s'élèvera à 57 % du PIB en 2022, ce qui constitue un triste record européen. Ce dernier budget d'un quinquennat crépusculaire comporte 35 milliards d'euros de promesses parfois démagogiques, souvent mal orientées, et relevant toujours d'une vision à court terme.

Comme pour les budgets précédents, aucune solution n'est apportée aux nombreux Français des couches populaires et de la classe moyenne qui peinent à joindre les deux bouts. Le Gouvernement se targue d'avoir rendu 24 milliards d'euros aux ménages, mais ce sont les ménages les plus aisés qui ont bénéficié de ces gains. La seule croissance incontestable est celle qui a concerné le patrimoine des 500 plus grosses fortunes de France, patrimoine qui a doublé durant le quinquennat. Le ruissellement annoncé n'a pas eu lieu : un tiers de la population française puise dans ses économies pour boucler les fins de mois.

Sous cette législature, il n'y a eu aucune volonté réelle de s'attaquer aux profondes inégalités qui traversent notre société. Ce gouvernement n'a cessé de privilégier les plus riches de nos concitoyens. Citons l'instauration de la flat tax sur les revenus du capital, la hausse de la CSG – contribution sociale généralisée – pour de nombreux Français, la prolongation de la CRDS – contribution au remboursement de la dette sociale –, la baisse de l'APL, quand tant de jeunes Français vivent dans une précarité toujours plus grande.

La philosophie de votre politique économique et fiscale ? Injuste car douce pour les plus riches et dure avec les Français les plus en difficulté, à l'image de votre réforme de l'assurance chômage.

La jeunesse, sacrifiée par les mesures sanitaires de ce gouvernement, n'a bénéficié d'aucune politique ambitieuse en matière de formation ou de lutte contre le chômage des jeunes. Le contrat engagement jeune n'est qu'une énième mesure électoraliste, qui sera inaugurée le 1er mars 2022, soit quarante jours à peine avant le premier tour de l'élection présidentielle. C'est dire !

Les retraités modestes ont, quant à eux, subi l'augmentation de la CSG en début de quinquennat et le quasi-gel des pensions. Ce sont également les premiers à souffrir des difficultés d'accès au système de santé et de la fermeture des services publics de proximité.

Votre saupoudrage de mesures isolées ne peut suffire à constituer une réponse pertinente au problème du pouvoir d'achat : 56 % des Français estiment que leur pouvoir d'achat a diminué sous la présidence Macron. Ils subissent de plein fouet l'explosion des prix de l'énergie et sont légitimement inquiets du sursaut de l'inflation.

De nombreux compatriotes constatent, semaine après semaine, que le prix du carburant augmente et que leur caddie de provisions coûte de plus en plus cher. Après avoir fait le choix indispensable du « quoi qu'il en coûte » face à la crise sanitaire, le Gouvernement s'apprête à présenter la facture aux catégories populaires et à la classe moyenne, mais aussi aux générations futures qui devront s'acquitter de l'explosion de la dette.

En conclusion, ce projet de loi de finances est le révélateur de vos multiples échecs, que vous tentez de masquer à grands coups de milliards qui font grimper notre dette publique à un niveau inédit : 114 % du PIB.

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