Nous voterons évidemment contre ce budget pour de nombreuses raisons que j'ai expliquées déjà ce matin.
La manière insincère dont il a été présenté a été soulignée, avec une grande part des crédits et des dépenses appris, y compris par les députés de la majorité, au fur et à mesure. Cet examen quasiment à l'aveugle a rendu, c'est le moins qu'on puisse dire, le travail du Parlement compliqué.
Vous avez aussi toujours, monsieur le ministre délégué, une certaine En Marche touch, cette propension à refuser tout amendement de l'opposition. Je me souviens d'une séance où nous étions quelques collègues à travailler sur le budget du ministère de la transition écologique, toutes les oppositions vous disant que Météo-France avait besoin de 3 millions d'euros pour des houlographes, la mesure de la houle étant si importante pour des questions peut-être énergétiques et également de submersion possible : refus du Gouvernement, donc refus de la majorité, et à minuit, tout à coup, est passé un amendement à plusieurs milliards, promesse d'Emmanuel Macron à Marseille, qui tombait comme un cheveu sur la soupe. Cette façon de faire, cette façon de considérer les oppositions et même l'ensemble du Parlement est insupportable. Peut-être parfois pourriez-vous admettre que les oppositions, surtout quand elles vous disent toutes la même chose, peuvent avoir raison.
Ce budget est finalement dans la lignée des précédents, c'est-à-dire celui d'une politique de l'offre qui vise à toujours baisser le coût du travail pour augmenter le coût du capital qui devient insupportable pour notre pays ; vous aurez continué à faire des cadeaux pérennes aux plus riches en baissant les impôts, tout en destinant quelques mesures éphémères aux plus défavorisés, reprenant d'ailleurs parfois d'une main ce que vous donnez de l'autre – je pense par exemple au chèque énergie que non seulement vous décidez trop tard, quand les gens ont déjà subi 50 % d'augmentation du gaz en un an mais, en plus, en promettant de hausser les prix réglementés du gaz en 2023.
C'est donc un budget qui ne répond pas aux urgences sociales et écologiques, ni sanitaires d'ailleurs si j'y ajoute le projet de loi de financement de la sécurité sociale où il aurait fallu au moins admettre un moratoire dans la fermeture des lits.
Nous, nous proposerons autre chose : nous proposerons d'en finir avec ces cadeaux mirifiques que vous avez faits aux plus riches – un des collègues de la majorité disait « 50 milliards » ce matin et s'en vantait ! –, soit autant de recettes en moins pour l'État, des déficits en plus et moins d'argent pour les mécanismes de solidarité. Ces transferts ont bénéficié considérablement aux 10 % les plus riches de nos concitoyens, et même plutôt aux 1 %. En juillet 2022, faute d'avoir pu le faire ici aujourd'hui, nous créerons une taxe sur les profiteurs de crise, ceux qui ont eu des augmentations de profits énormes du fait de la crise ; nous instaurerons un impôt universel sur les entreprises ; nous supprimerons les niches fiscales les plus néfastes, à commencer par le CICE – le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi –, dont personne n'a vu les effets…