Intervention de Sabine Rubin

Séance en hémicycle du lundi 13 décembre 2021 à 16h00
Création de la fonction de directeur d'école — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Rubin :

Nous nous retrouvons ici pour la lecture des conclusions de la commission mixte paritaire relative à une proposition de loi censée apporter des solutions à la situation des directeurs d'école. Cette situation, quelle est-elle ? Le suicide de Christine Renon en 2019 l'a mise en lumière : l'épuisement de toute une profession face à la lourdeur de tâches administratives que votre perpétuelle politique d'évaluation et vos sempiternelles injonctions ne cessent d'aggraver, faute de décharges suffisantes.

J'ai eu moi-même l'occasion d'entendre le témoignage poignant d'une directrice d'école de SE-UNSA, émue à la simple évocation des tâches qui lui incombent quotidiennement : dans une même journée, elle est à la fois enseignante, secrétaire administrative, standardiste, gardienne d'immeuble, coordonnatrice pédagogique, assistante sociale, infirmière parfois. Elle gère la cantine, les relations avec les collectivités locales, la mise en œuvre de la valse des protocoles et j'en passe.

Hélas, ce texte, bien que fondé sur un diagnostic partagé, ne répond en rien aux problèmes évoqués ni aux doléances des personnes concernées. Selon l'étude réalisée par votre ministère lui-même, en novembre 2019, les vœux des directrices et directeurs sont assez simples : plus de décharge pour 36 % d'entre eux, une simplification des tâches administratives et une aide administrative. Or leurs demandes légitimes n'ont pas été entendues. Ainsi, l'assurance d'une décharge supplémentaire, le seul volet de votre texte faisant consensus au sein de la communauté éducative, s'est perdue dans les méandres des arbitrages financiers et des blocages parlementaires. Oubliées, les décharges obligatoires dès huit classes : au lieu de cela, un vague renvoi, dans l'article 2, au directeur académique des services de l'éducation nationale (DASEN) qui, faute de moyens adéquats et de remplacements, ne pourra guère accorder grand-chose. Quant à l'aide administrative et matérielle, la rédaction de l'article 2 bis est à ce point floue qu'elle n'engage rien ni personne.

Certes, il est certains syndicats qui voient une forme de reconnaissance dans l'autonomie de décision, permettant d'accélérer les procédures de validation. Mais, comme tous les autres, ces syndicats dénoncent aussi et surtout le manque criant de moyens accordés, problème que vous évitez soigneusement d'aborder. Ce qui m'amène à avoir un mot sur la rémunération, plus précisément sur l'indemnité de direction de l'article 2. Je dois l'avouer, c'est une riche idée ; et pour preuve, elle existe déjà ! Il eût été plus judicieux de proposer une bonification indiciaire.

Monsieur le ministre, madame la rapporteure, de même qu'on ne fera pas une école inclusive low-cost, de même on ne réglera pas le problème des directeurs d'école sans moyens supplémentaires. On ne réglera pas leur situation en alourdissant leurs tâches ; car oui, ce texte leur crée de nouvelles missions,…

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