Intervention de Christine Pires Beaune

Séance en hémicycle du mercredi 15 décembre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristine Pires Beaune :

Tout change, car, pendant plus de trois ans, nous avons entendu la petite musique de la rigueur budgétaire. Le seul objectif était celui du retour à l'équilibre, coûte que coûte. Cela suffisait à justifier l'effort des plus fragiles et les mesures favorables aux plus aisés. Terminé le slogan de M. Le Maire – cinq, trois, un –, selon lequel il fallait réduire la dette de cinq points de PIB, le déficit de trois points, et les prélèvements obligatoires d'un point. La crise a bon dos et le Gouvernement profite de la suspension du carcan budgétaire européen pour dépenser sans compter.

Votre fameuse – pour ne pas dire fumeuse – théorie du ruissellement se heurte au mur des réalités et à la crise. Certes, le groupe Socialistes et apparentés se réjouit que le Gouvernement redécouvre les vertus de l'État providence et de l'interventionnisme ; encore faut-il qu'il ne se drape pas par opportunisme des attributs du keynésianisme.

Car finalement, rien ne change. Si nous comptons en centaines de milliards d'euros les aides aux entreprises – en deux ans, le « quoi qu'il en coûte » s'est traduit par 230 milliards d'euros de dépenses –, celles accordées aux ménages les plus précaires, dans un contexte de crise du pouvoir d'achat, se réduisent comme peau de chagrin. Cette crise est un prétexte : au nom de la relance de l'économie, elle sert à distribuer davantage aux entreprises, sans aucune contrepartie, et à éteindre les potentiels incendies qui pourraient se déclencher ici ou là, à l'aube d'importantes échéances électorales.

Cela s'inscrit dans le droit fil des suppressions d'impôts de production, de la baisse de l'impôt sur les sociétés, ou encore de la suppression de l'exit tax. C'est donc un budget électoraliste, doublé d'un budget de classe.

Le cap fixé en 2017 reste fondamentalement le même pour 2022. Après avoir été les grands gagnants des premières années du quinquennat, grâce à la transformation de l'ISF en impôt sur la fortune immobilière (IFI), à la suppression de la taxe d'habitation – qui n'a d'ailleurs pas augmenté le pouvoir d'achat des plus modestes, puisqu'ils en étaient déjà exonérés –, ou encore à l'instauration du prélèvement forfaitaire unique, les plus riches des plus riches n'ont toujours pas été mis à contribution pour participer à l'effort national. Dans le même temps, les plus modestes, tellement plus nombreux, voient leur pouvoir d'achat s'éroder. Nombre d'entre eux risquent de ne pouvoir se chauffer suffisamment cet hiver,…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.