Une Europe plus souveraine, c'est aussi une Europe dotée d'une politique de défense. Nous avons, ces dernières années, obtenu des avancées considérables, avec le Fonds européen de la défense et l'initiative européenne d'intervention. Il nous faut désormais entrer dans une phase plus opérationnelle et définir ce que nous avons appelé la boussole stratégique de l'Europe, ce qui revient à identifier nos intérêts communs, à nous Européens, et, partant, à élaborer une stratégie partagée dans un monde de menaces et de risques, à affirmer des ambitions nouvelles en matière d'industrie de défense et à définir des exercices conjoints.
À cet égard, nous proposerons d'accorder une attention particulière aux régions et aux zones stratégiques pour la sécurité et la diplomatie de l'Europe, à savoir l'Afrique, les Balkans occidentaux, mais aussi l'Indo-Pacifique.
J'insisterai particulièrement sur le lien entre l'Europe et l'Afrique, qui sera sans nul doute l'un des grands projets géopolitiques des années à venir. Il le sera d'abord sous un angle sécuritaire et migratoire, mais aussi en bâtissant un contrat de paix et de prospérité entre nos deux continents, en accroissant l'aide au développement comme nous le faisons dans les domaines d'avenir tels que l'éducation des filles et les énergies vertes, en saisissant les possibilités d'investissements mutuels, et en développant les échanges universitaires, scientifiques et artistiques entre nos sociétés civiles et nos jeunesses, de part et d'autre de la Méditerranée. Ce sera l'objet du sommet Union africaine-Union européenne prévu au mois de février.
Notre deuxième priorité est la construction d'un nouveau modèle européen de croissance. Notre ambition est de faire de l'Europe un grand continent de production, d'innovation et de création d'emplois. Pour cela, le bon niveau d'action, c'est bien l'Europe ! Nous devons poser les fondations de l'Union européenne de 2030, c'est-à-dire d'une Europe puissance, capable de protéger ses entreprises, d'innover et d'être à la pointe de la recherche, notamment dans les domaines de l'écologie et du numérique. L'Europe doit s'affirmer comme une grande puissance à la fois industrielle, écologique et sociale.
Pour cela, comme l'a indiqué le Président de la République, nous devons concilier développement économique et ambition climatique. La Commission européenne a présenté un ensemble de textes traduisant notre volonté d'atteindre la neutralité carbone en 2050 et de réduire de 55 % nos émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 – aucune région du monde ne se fixe des exigences aussi fortes. Le semestre de présidence française devra faire avancer ces différents textes, particulièrement – je l'affirme devant vous – le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières extérieures de l'Union.