Intervention de Pierre-Henri Dumont

Séance en hémicycle du mercredi 15 décembre 2021 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la présidence française du conseil de l'union européenne suivie d'un débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Henri Dumont :

Telle n'a pas été la décision du Président Macron, qui a repoussé cette proposition, trop heureux de mélanger la présidence française du Conseil à sa campagne nationale pour être réélu en avril prochain. Le choix délibéré d'Emmanuel Macron, qui se revendique pourtant violemment pro-européen, est donc d'affaiblir l'Union européenne pour servir son seul intérêt personnel. À moins qu'il ne soit tellement sûr de l'emporter en avril qu'il n'ait pas pu intégrer dans son logiciel intellectuel qu'il ne sera peut-être bientôt plus locataire de l'Élysée !

Décaler d'un semestre la présidence française du Conseil de l'Union européenne, c'était lui garantir une légitimité démocratique forte, validée par le peuple français lors d'élections présidentielle et législatives, et affirmer des priorités défendues par la nouvelle équipe gouvernementale. Décaler cette présidence d'un semestre, c'était lui donner une véritable dimension parlementaire, dont elle sera privée ; c'était inscrire au cœur de la campagne présidentielle les thèmes défendus par la France devant les autres pays européens, et non faire de l'Europe un paragraphe en bout de programme électoral – voire faire trancher par le peuple les sujets de discorde à l'occasion des prochaines élections, pour mieux les porter ensuite devant nos partenaires. Décaler d'un semestre la présidence française du Conseil de l'Union, c'était placer nos ministres en position de force face à leurs homologues européens, pour obtenir enfin des avancées que nous attendons tous. C'était, enfin, faire sortir le Président de la République de sa duplicité à l'égard de sujets européens majeurs pour nos compatriotes, comme l'élargissement aux pays des Balkans occidentaux – que nous, députés du groupe Les Républicains, rejetons fermement, tout comme nous demandons la clôture définitive des négociations d'adhésion de la Turquie, qui n'a pas vocation à être membre de l'Union.

En forçant le calendrier de cette présidence française de l'Union européenne (PFUE), alors même que nos compatriotes reprochent à l'Europe son déficit démocratique, vous donnez du grain à moudre aux eurosceptiques et contribuez à éloigner un peu plus encore l'Europe des citoyens. Une présidence française du Conseil de l'Union européenne n'arrive qu'une fois tous les trois quinquennats. Vous avez fait le choix délibéré de l'affaiblir, monsieur le Premier ministre, en la soumettant à des contingences électorales nationales.

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