Intervention de Pieyre-Alexandre Anglade

Séance en hémicycle du mercredi 15 décembre 2021 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la présidence française du conseil de l'union européenne suivie d'un débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPieyre-Alexandre Anglade :

Pour la première fois depuis treize ans, la France prendra, au 1er janvier 2022, la présidence du Conseil de l'Union européenne. C'est à la fois un immense honneur pour notre pays et une grande responsabilité. C'est aussi une étape supplémentaire sur le chemin de la refondation de l'Europe que nous avons proposée aux Français en 2017. Depuis, nous n'avons cessé de défendre et de nourrir cet engagement initial.

Lors de son discours de la Sorbonne en 2017, le Président de la République a défini un projet de souveraineté européenne. Ce n'était alors pas simplement un catalogue de mesures déjà entérinées ou sur le point de l'être, – comme nous l'avons lu récemment dans une tribune publiée par une candidate dans le journal Le Monde –, mais un projet ambitieux constitué de plus de cinquante propositions concrètes pour faire évoluer et renforcer l'Europe.

Souvenons-nous de la phrase que prononça le candidat Macron en 2017 : « Il est temps aujourd'hui que, sur les grands défis de notre époque, la vraie souveraineté passe par une action européenne. » Incompréhensible ou inacceptable pour beaucoup, cette phrase a démontré depuis sa pertinence. À l'époque, nombreux étaient ceux qui croyaient l'Europe perdue, mise au défi par le Brexit, par la remise en cause du multilatéralisme du président Trump, par les séquelles de la crise de 2008 et l'absence de vision et d'ambition partagée des dirigeants européens.

Rappelons-nous de ceux qui, en France, pourtant pilier de l'Union depuis l'origine, prônaient en 2017 la sortie de l'Europe et de l'euro : ils ont tous fait volte-face.

Souvenons-nous aussi de ceux, qui, par lâcheté ou manque d'énergie, ou en raison de la division de leur famille politique, préféraient dénigrer le projet européen plutôt que de chercher à le transformer. Qu'ils regardent aujourd'hui, en dépit des graves crises survenues, le chemin parcouru depuis 2017…

Chacun voit désormais que le choix politique de défendre l'indépendance et la souveraineté de l'Europe, si décrié par ceux qui hurlaient à la trahison nationale, s'est imposé partout sur le continent.

Du plan de relance européen à la stratégie d'acquisition des vaccins, en passant par la lutte contre le dérèglement climatique, l'Europe a montré sa capacité à résister, à protéger, et même à dépasser ses dogmes.

À l'initiative de la France et de l'Allemagne, en pleine crise, et en l'espace de quelques semaines seulement, l'Union européenne a mis en œuvre un plan de relance inédit de 750 milliards d'euros, fondé sur la solidarité grâce à une dette commune, qui a permis de soutenir les économies et de minimiser le choc social. Solidaires comme jamais, les Européens sont aussi parvenus à sécuriser en commun 2 milliards de doses de vaccins, assurant ainsi leur accès à tous les citoyens de l'Union.

Nous avons essuyé pendant cette crise tant de critiques, entendu tant de mensonges, tant de désinformation… Mais aujourd'hui, les chantres du vaccin russe et ceux de la stratégie nationale ont tous retourné leur veste. Tous ! Car il est clair qu'il n'y avait de meilleure stratégie de vaccination que celle de l'Europe pour protéger ses peuples. C'est elle qui, aujourd'hui encore, nous protège dans la durée, nous permet de disposer de suffisamment de doses pour continuer à vacciner, à effectuer les rappels, à résister à cette épidémie qui n'en finit pas.

Efficacité avec le plan de relance, solidarité avec la stratégie vaccinale : c'est en agissant ainsi que les dirigeants européens, la France en tête, ont non seulement permis à l'économie européenne de résister, de préparer l'avenir, mais aussi et surtout envoyé un message politique très fort au reste du monde : nous, Européens, plaçons la solidarité au cœur de notre construction et, par cet emprunt commun, nous lions nos destins les uns aux autres pour les décennies à venir.

Est-il un message plus puissant ?

Comment, dès lors, ne pas être surpris par la teneur de la tribune de la candidate du parti Les Républicains, Mme Pécresse, publiée dans Le Monde, la semaine passée ? Elle prétend, dans ce texte, défendre l'Europe de la puissance, tout en dénonçant le plan de relance européen qui nous a sauvés, arguant qu'avec ce plan, la France attendrait l'aumône de ses partenaires européens. Aveuglement ou hypocrisie ?

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