Notre assemblée est réunie cet après-midi pour débattre des grandes orientations de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, déjà abondamment exposées par le Président de la République lors de sa dernière conférence de presse, et qui, je n'en doute pas, seront à nouveau et tout aussi longuement détaillées ce soir, dans l'émission télévisée de promotion de son bilan, orchestrée par le chef de l'État.
À ce stade de nos débats, je vais immanquablement revenir sur certains des sujets traités par certains orateurs précédents, tout particulièrement par mon collègue Pierre-Henri Dumont.
Souffrez cependant que je revienne sur certains de ces sujets, notamment celui du calendrier, qui n'est en rien anecdotique. Nous l'avons déjà dit avec fermeté, nous déplorons vivement que l'exécutif n'ait pas demandé que la présidence française du Conseil de l'Union européenne soit reportée, afin d'éviter dans les semaines et les mois à venir le télescopage des calendriers, le mélange des genres et la confusion des rôles entre présidence du Conseil de l'Union européenne et candidature à l'élection présidentielle du président Emmanuel Macron.
Faut-il le rappeler, il y a eu un précédent : dans les années 2006-2007, l'Allemagne, autre membre fondateur de l'Union européenne, a fait preuve de discernement et d'esprit de responsabilité en n'hésitant pas à demander le report de sa présidence du Conseil de l'Union européenne. Nous aurions attendu de l'autre grand État fondateur le même esprit de responsabilité et de sérieux, d'autant que la Commission européenne avait, comme il est de coutume, proposé cette solution.
Je ne veux pas dire – il faut être réaliste et raisonnable – que le président Macron aurait dû renoncer à exercer la présidence, mais nous aurions pu tout à fait imaginer que ce décalage soit une anticipation, afin que la présidence française puisse se dérouler sereinement pendant l'intégralité de la période de six mois, sans qu'elle soit embarquée dans le débat présidentiel et le débat politique. Inévitablement, le mélange des genres, une présidence écourtée et atrophiée, seront préjudiciables à l'Union européenne comme à la France, à la défense des intérêts des Européens comme à la défense et à la promotion des intérêts des Françaises et des Français.
Cette situation d'ambiguïté, de confusion, de « en même temps » est décidément préjudiciable…