Intervention de Amiral Laurent Isnard

Réunion du mardi 19 décembre 2017 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Laurent Isnard, commandant les opérations spéciales :

Il est totalement autonome, grâce à ses batteries et à ses moyens de positionnement. Ses performances sont particulièrement élevées.

Il est très difficile de répondre à la question qui m'a été posée sur les carrières. L'âge moyen des personnels des forces spéciales est largement plus élevé que celui des personnels des forces conventionnelles déployés sur les théâtres d'opération.

Le cycle de formation et de sélection des forces spéciales est en effet beaucoup plus long. Il faut par exemple plusieurs années avant de devenir commando marine et, si l'on est sélectionné, ce n'est qu'au terme d'une formation, qui dure quasiment un an, que l'on devient nageur de combat. Autrement dit, ce plongeur d'arme aura nécessairement de sept à huit ans d'ancienneté avant d'arriver en unité. L'expérience, l'âge, et la maturité de ce personnel constituent finalement l'un de ses grands atouts : il a été sélectionné physiquement, mais surtout il a eu le temps de mûrir, et il a acquis de « l'épaisseur » et des compétences parallèles. Pour mener des opérations en petites équipes isolées ou aller au contact d'un chef de milice, ou d'un général local, vous ne pouvez pas avoir 18 ans. Il faut être crédible.

Nos opérateurs ont connu de nombreux théâtres d'opération : pendant les sept ou huit ans de formation, ils sont partis à de nombreuses reprises souvent trois ou quatre fois dans le cas de Sabre, et ont engagé le feu à plusieurs reprises.

Au Levant, en ce moment, il y a, par exemple, le guidage des avions. Nous devions aider et former les forces locales dans leur lutte contre Daech, et nous les accompagnons, ce qui implique de leur apprendre à utiliser au mieux les avions de la coalition qui orbitent pour bombarder lorsque c'est nécessaire, ou de leur permettre de guider des appuis de tirs de mortiers. Nous avons besoin pour cela de gens d'expérience qui savent se mettre en place, donner les bons conseils, éviter les problèmes de susceptibilité avec les combattants locaux, se retirer et revenir au gré des positions de milices parfois versatiles.

Je voudrais revenir sur mes priorités en termes de projection et de mobilité. Les forces spéciales ont des besoins propres, dont j'ai parlé, et d'autres qui ne le sont pas, je ne les ai donc pas évoqués. Par exemple, l'A400M est pour nous l'avion de projection par excellence. Il nous permet de nous déployer directement depuis le territoire national, car nous ne sommes pas assez nombreux pour être pré positionnés partout. Je sais que cette capacité est déjà prise en compte par l'armée de l'air, et que nous n'aurons pas de difficultés de ce côté. En revanche, j'ai évoqué les hélicoptères parce qu'ils appartiennent à des unités relevant du COS. J'ai aussi parlé des C-130 parce qu'un parc d'appareils nous est plus ou moins dédié pour l'escadron « Poitou ».

S'agissant de la mobilité terrestre, j'ai cité trois milieux – permissif, semi-permissif et non-permissif –, qui correspondent à trois types de combat. En milieu permissif, un peu comme au Sahel, globalement, on n'est pas réellement menacé tant que l'on est en déplacement. Évidemment, il faut aller vite, et pouvoir frapper précisément et fort. Pour la fulgurance, nous privilégions des véhicules légers, faiblement protégés qui permettent d'aller très vite. En milieu semi-permissif il est nécessaire d'avoir une supériorité locale avec nos appuis feu car il faut se prémunir d'une mauvaise rencontre. VLFS et PLFS sont dès lors des standards. Mais pour des questions de discrétion, nous avons également besoin de quelques véhicules civils blindés. On constate aussi le renforcement de la confrontation des États-puissances. On revient alors sur des scénarios de type guerre avec de gros effectifs que l'on a connus avant la chute du Mur, avec des combats issus des forces conventionnelles et, en guerre hybride, des forces spéciales qui travaillent contre d'autres forces spéciales ou des rebelles, contre la désinformation et en soutien de groupes partenaires locaux. Là il est nécessaire de disposer d'un minimum de blindage pour vous protéger notamment en zone urbaine. Au Levant, nous avons sauvé des commandos grâce à des véhicules blindés. C'est pour cela que nous disons que nous avons besoin de véhicules, pas d'un très grand nombre, mais de différents modèles et c'est urgent.

Vous me parlez d'un programme 146 qui serait dédié aux forces spéciales…

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