Intervention de Frédérique Dumas

Séance en hémicycle du lundi 3 janvier 2022 à 15h00
Outils de gestion de la crise sanitaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédérique Dumas :

Je fais partie de celles et ceux qui pensent que la vaccination est nécessaire et indispensable, mais aussi qu'elle ne peut se déployer quoi qu'il en coûte, au prix d'une fracturation de la société et d'une stigmatisation des personnes non vaccinées, qui en fait les uniques responsables des déprogrammations à l'hôpital alors que nombre d'entre elles sont des soignants, et surtout pas en donnant aux restaurateurs des pouvoirs de police.

La seule question qui se pose aujourd'hui, c'est celle de savoir si un tel passe vaccinal est nécessaire ou pas sur le plan sanitaire, car c'est bien le calendrier de son instauration qui est discutable. C'est à ce propos que j'aimerais vous interroger, monsieur le ministre : on sait que le variant omicron échappe largement à l'efficacité des deux premières injections, que la troisième dose constitue en revanche un véritable « booster » mais qu'après dix semaines, on assiste à une baisse très significative de sa capacité neutralisante, donc de son impact sur les formes graves. Or le pic de la vague omicron est prévu pour fin janvier.

On sait que l'intérêt du vaccin n'est pas de freiner la contamination – ce sont d'autres mesures qui le permettent – mais de lutter contre les formes graves et ainsi d'éviter l'encombrement des hôpitaux. Les personnes de plus de 60 ans ou atteintes de comorbidités ont été appelées à recevoir une troisième dose le 1er septembre dernier, et une campagne spécifique a été réalisée dans les EHPAD à partir du 13 septembre. Même en prenant une marge d'un mois ou d'un mois et demi – tout le monde n'a pas été vacciné le 1er septembre –, le vaccin n'est plus efficace pour ces personnes et il le sera encore moins dans deux semaines.

Ne pensez-vous pas qu'au lieu de proposer un passe vaccinal, dont l'efficacité sera quasiment nulle pour les personnes les plus vulnérables pourtant vaccinées, celles qui ont le plus de risques de se retrouver en réanimation, et qu'au lieu de poursuivre un objectif purement conceptuel, relevant d'une compétition entre les pays pour savoir lequel aura le plus vacciné – quelle que soit l'efficacité du vaccin –, il aurait mieux valu proposer une quatrième dose aux personnes déjà vaccinées de plus de 65 ans et aux personnes les plus vulnérables ? À moins que vous estimiez, seuls contre les études scientifiques, que l'efficacité de la troisième dose dépasse les dix semaines, ou qu'une nouvelle injection pour ces personnes ne servirait à rien, puisqu'omicron produit des formes moins graves ? Vous pariez d'ailleurs vous-même sur l'immunité collective, comme vous l'avez dit dans le JDD.

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