Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du lundi 3 janvier 2022 à 21h30
Outils de gestion de la crise sanitaire — Article 1er

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

Que voulez-vous dire, madame la députée ? Vous avez quinze minutes ! Trêve de plaisanterie, je ne sais pas ce que cela signifie. Certains députés nous disent qu'ils étaient favorables à l'obligation vaccinale mais qu'ils sont contre le passe vaccinal. Ils estiment que l'obligation vaccinale offrirait plus de liberté. C'est une blague ! Dans le cas de l'obligation vaccinale, si vous sortez de chez vous, que vous n'êtes pas vacciné et que vous vous faites contrôler dans la rue, eh bien, vous prenez une amende. Et le lendemain, rebelote. Vous trouvez vraiment qu'une telle obligation offre plus de liberté ?

Aujourd'hui, les Français ont la possibilité de ne pas se faire vacciner s'ils le souhaitent. Dans le cas contraire, ils n'auront pas d'amende, personne n'ira les chercher chez eux puisqu'il n'y a pas de contrôle. En revanche, la vie en société, par exemple la circulation dans des établissements qui reçoivent du public, y compris peut-être des personnes fragiles, passe par une couverture vaccinale qui confère une protection.

Vous le voyez, je suis prêt à vous répondre. On m'a également interrogé sur le concept d'immunité collective. Revenons à l'essentiel : un vaccin est une exposition de l'organisme et du système immunitaire à des particules du virus ou au virus entier inactivé, donc inoffensif, pour que votre système immunitaire apprenne à fabriquer des anticorps, des armes contre le virus si jamais vous étiez un jour exposé à celui-ci.

Les vaccins dont nous disposons, et que nous avons développés à l'époque des premiers variants, ont deux effets. Le premier est d'empêcher le virus d'entrer dans les cellules. Ensuite, même si vous êtes contaminé, les vaccins vous offrent une deuxième forme d'immunité qui empêche le virus de se développer à vitesse grand V dans vos poumons et donc de provoquer une explosion immunitaire, une inflammation massive. Ils vous évitent donc la détresse respiratoire.

Nous savons qu'avec le variant omicron les vaccins sont moins efficaces pour empêcher l'entrée du virus dans la cellule. En revanche, ils restent tout à fait efficaces pour que, une fois que vous êtes infecté, votre système immunitaire empêche la propagation du virus dans vos poumons. Ainsi, vos poumons ne se remplissent pas d'eau ni de liquide inflammatoire, ce qui vous évite la détresse respiratoire, donc la réanimation.

Les vaccins restent donc efficaces contre les formes graves. Nous nous tuons à le répéter : ils divisent par dix au moins le risque de développer une forme grave. Les patients en réanimation sont donc des personnes non vaccinées et, en plus petit nombre, des personnes vaccinées mais immunodéprimées, c'est-à-dire chez lesquelles, hélas, le vaccin ne peut produire son second effet parce qu'elles sont atteintes d'une autre maladie.

On sait que 5 millions de Français ne sont pas vaccinés. Dès lors, quel choix de société faisons-nous ? Devons-nous penser que ce n'est pas grave ? Qu'ils n'avaient qu'à faire un autre choix ? Que, s'ils tombent malades, on ne les soignera pas ? Après tout, il suffit de construire des hôpitaux que l'on remplira de personnes non vaccinées qui auront les poumons pleins ! Est-ce cela, votre choix de société ? Ce n'est pas le nôtre.

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