Et c'est le courage de l'action qui nous a guidés ici dans cette assemblée, mes chers collègues, lorsqu'en décembre 2019, j'ai fait adopter à l'unanimité la loi qui généralise le bracelet antirapprochement, qui renforce les ordonnances de protection en inscrivant dans la loi un délai maximal de six jours pour en décider, à l'époque contre l'avis du Gouvernement – dans un temps, monsieur le garde des sceaux, où vous étiez encore en robe d'avocat. Nous avons fait du bracelet antirapprochement, dès la phase de l'ordonnance de protection, c'est-à-dire avant le passage à l'acte, un outil puissant de protection. Cette loi, initiative venue de l'Assemblée nationale, sur la proposition du groupe Les Républicains, fait notre fierté.
C'était il y a deux ans. Depuis, 218 femmes sont mortes dans les mêmes conditions qu'auparavant. Devrions-nous nous habituer à ces drames ? Devrions-nous nous habituer à cette macabre litanie ? Est-ce là une fatalité insurmontable pour un grand pays comme la France ? Une lâcheté nous guette : l'accoutumance, que ce soit l'accoutumance aux drames, l'accoutumance à l'extrême violence ou l'accoutumance aux femmes mortes. Cette accoutumance, monsieur le garde des sceaux, madame la ministre déléguée chargée de la citoyenneté, devrait pouvoir retenir au moins quelques instants votre attention. Car aussi longtemps qu'il restera une femme assassinée parce qu'elle est une femme, nous devrions vivre des insomnies, étant ceux qui savent que tout n'est pas fait pour éradiquer ce fléau. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, monsieur le garde des sceaux, mais moi, il m'arrive de mal dormir. Face à 637 femmes assassinées depuis 2017, l'autosatisfaction n'a pas sa place, ni l'agitation dont vous faites preuve depuis tout à l'heure au banc du Gouvernement.