Au deuxième jour de l'année 2022, nous déplorions déjà trois féminicides dans notre pays ; trois femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. En 2021, elles furent 113 à mourir ainsi, laissant derrière elles 135 orphelins, dont une quarantaine avaient été témoins du meurtre de leur mère.
Combien de temps, malgré les avancées et les textes, cela va-t-il durer ? Il faut que cela cesse ! Il faut que nous soyons capables de faire bouger toutes les lignes ! C'est un plan global qu'il nous faut. Il nous faut 1 milliard d'euros et un quinquennat entièrement investi sur cette question, de manière globale et transversale.
Je le répète, les féminicides ont rendu 135 enfants orphelins, dont une quarantaine avaient été témoins du meurtre de leur mère, et dont certains – c'est important de le savoir – ne sont toujours pas pris en charge. C'est le cas des enfants de Chahinez Daoud, par exemple, qui, six mois plus tard, n'ont toujours pas vu de psychologue.
J'ajoute que la question des féminicides doit absolument aller de pair avec la question des violences intrafamiliales. Depuis la loi du 28 décembre 2019, certains progrès ont été réalisés quant à la protection des victimes de ces violences. Cependant, d'importants défis collectifs demeurent.
J'insiste, il nous faut un quinquennat pour bouger les lignes, renverser la table, changer de paradigme. Aucune des femmes que nous rencontrons, aucune des associations qui soutiennent ces familles ne peut supporter d'écouter nos communications pour ensuite, chaque année, entendre la litanie de la macabre situation dans laquelle nous sommes. Il faut renverser la table et suivre le modèle espagnol, qui a fait ses preuves. La France doit étudier les bonnes pratiques, les bons exemples, qui ne datent d'ailleurs pas d'hier et qui peuvent nous faire avancer.
Selon une étude de 2020 du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, le risque qu'une plainte effectivement déposée soit classée sans suite s'élevait encore à 80 %. La réponse judiciaire doit donc être plus adaptée, afin de mettre un terme, une fois pour toutes, au sentiment d'impunité des agresseurs.
Il est incompréhensible que des décisions de justice interdisant aux auteurs de violences de s'approcher de leur conjointe violentée les autorisent, en parallèle, à rendre visite à leurs enfants, au prétexte, que nous entendons encore aujourd'hui, qu'ils sont de bons pères. Je le redis ici, à l'Assemblée nationale : un homme violent n'est pas un bon père !