En ce début d'année, nous nous retrouvons pour un point d'étape sur l'application de la loi visant à agir contre les violences au sein de la famille. Ce débat de contrôle trouve un écho tout particulier après les trois meurtres de femmes déjà recensés depuis le début de l'année – nous ne sommes que le 4 janvier. Le groupe UDI et indépendants souhaite s'associer à la douleur des familles et de leurs proches et espère sincèrement que la réponse judiciaire et pénale sera à la hauteur de ces crimes abominables.
L'actualité de ce début d'année nous rappelle également la tragique affaire Chahinez, avec la convocation devant un conseil de discipline de six policiers, soupçonnés de graves défaillances dans le suivi des plaintes et des signalements déposés par cette mère de famille, brûlée vive, en mai 2021, par son ex-conjoint. Malheureusement, il y a fort à parier que ce drame ne soit pas un cas isolé. L'affaire doit nous alerter de toute urgence sur l'absence de suivi des plaintes et sur le manque d'informations communiquées aux plaignantes, notamment quant à la situation judiciaire et à la remise en liberté de leur conjoint responsable de violences. Dans cette affaire révélatrice à bien des égards, nous sommes surtout extrêmement surpris qu'en dépit de l'adoption de la loi visant à agir contre les violences au sein de la famille à la fin de l'année 2019, la victime n'ait bénéficié d'aucune des mesures de protection ou garanties de sécurité instituées par le texte, comme le bracelet antirapprochement et de téléphone grave danger. Ces défaillances sont extrêmement graves. Certains spécialistes estiment la prévalence de ce type de situation à un cas sur cinq concernant les meurtres de femmes.
Nous nous gardons bien évidemment de mettre en cause l'institution policière. Mais il est paradoxal qu'au moment même où le Gouvernement demande aux forces de l'ordre de contrôler le passe sanitaire des clients attablés à une terrasse de café, nous fassions le constat que l'essence même de la sécurité publique et de la protection des femmes est déficiente dans notre pays. Malgré les annonces faites par le Gouvernement dans le cadre de l'application de la loi visant à agir contre les violences au sein de la famille, nous constatons l'absence flagrante de moyens réels. À titre d'exemple, il a été annoncé la possibilité de déposer plainte à l'hôpital pour les femmes victimes de violences ; or, dans de nombreux cas, le personnel de police ne dispose pas d'ordinateur portable pour prendre les plaintes.