Par ailleurs, l'application de l'une des mesures phares de l'article 15, à savoir le relogement des victimes de violences, pose problème, dans la mesure où la moitié des demandes d'hébergement d'urgence sont déboutées faute de logement disponible.
Le sujet des violences conjugales n'a jamais été aussi présent dans le débat public. C'est sans parler des enfants, dont la situation est dramatique. En effet, ils sont les principales victimes, collatérales ou directes, des violences conjugales, dont ils subissent de plein fouet les conséquences physiques et psychologiques. Le juge Édouard Durand, dans un entretien donné il y a un mois au Journal du dimanche, évoquait le grave chiffre de 160 000 enfants victimes de violences sexuelles par an. Ces chiffres doivent nous alerter. Pourtant, les plus jeunes semblent rester un angle mort de la politique gouvernementale sur les violences familiales. Leur accompagnement est encore trop léger, notamment au sein des établissements scolaires, où nous regrettons l'absence de médecins et de psychologues dont le rôle est essentiel dans la révélation des violences.
Si nous nous réjouissons des progrès effectués depuis l'adoption de la loi, nous regrettons la faiblesse persistante des moyens et un financement encore en deçà des ambitions annoncées à grands coups de communications diverses.
Au-delà de la multiplication des dispositifs juridiques qui ne régleront pas le problème d'une justice exsangue, c'est bien par l'éducation et par la moralisation de la société qu'il faut passer. Ainsi, nous espérons que 2022 sera l'année de l'endiguement des violences familiales, lesquelles ne sont que la transposition à la cellule de base de la société d'un phénomène plus général de violence publique qui ponctue régulièrement la vie de notre pays.