J'adresserai tout d'abord une remarque aimable à la rapporteure. Madame, vous dites parfois vous exprimer au nom des députés du groupe La République en marche. Pour ma part, je n'ai jamais entendu, sous la législature précédente, le moindre rapporteur, de quelque sensibilité qu'il fût, faire une telle allusion. Il existe une séparation très claire entre l'animateur d'un groupe sur tel ou tel texte, et le rapporteur, qui est au service de l'intérêt général, du débat et du texte qu'il rapporte. Je me permets de vous le dire car cela vous est arrivé deux ou trois fois et ce n'est pas innocent sur le plan symbolique.
J'en viens au fond de vos propos. Vous dites que vous, députés du groupe La République en marche, venez de la société civile. Ayant été paysan pendant vingt-cinq ans, je n'ai aucune leçon à recevoir à cet égard. En réalité, si la majorité précédente était globalement composée d'une élite publique, celle d'aujourd'hui est plutôt constituée d'une élite privée, et aucune des deux n'est supérieure à l'autre. Il s'agit dans les deux cas d'élites. Le vrai problème réside dans la rupture sociologique entre nous, parlementaires, et les milieux populaires. Je fais partie des députés qui viennent de ces milieux, qui ont gravi les échelons grâce à l'éducation populaire et à la bienveillance d'une famille modeste – et nous sommes nombreux dans ce cas. Bref, encore une fois, personne n'a de leçons à donner sur l'origine professionnelle – publique ou privée – des parlementaires. La réalité est que nous ne représentons pas la France populaire : ce drame nous impose l'humilité. La solution à ce problème ne relève pas de cette loi, mais d'une politique d'égalité des chances, d'éducation populaire et d'éducation civique.
Je proposerai quant à moi, après l'article 4, l'amendement CL4 qui m'a été inspiré par mon propre parcours : je n'ai pas attendu 2017 puisque, dès 2012, je me suis appliqué la règle du non-cumul entre mon mandat parlementaire et tout mandat local.
J'ai fait preuve, en outre, d'une certaine sobriété financière dans l'exercice de mon mandat et j'affirme aujourd'hui, avec l'autorité de l'expérience, que lorsqu'on est député, on travaille à 100 % pour la République. Il n'y a aucun conflit, ni d'agenda ni d'intérêts, qui tienne. J'estime que l'on doit pouvoir continuer à exercer son métier lorsque que c'est une passion. Il m'arrive d'aller donner un coup de main à la ferme coopérative dont je viens, mais je le fais à titre gratuit. On peut tout aussi bien continuer à opérer comme chirurgien sans avoir besoin d'une rémunération. Nous gagnons trois fois le revenu médian des Français ; c'est bien assez ! Si nous voulons vraiment représenter les Français, il nous faut renoncer à tout appât du gain, considérer que la République nous a très bien dotés, et ne jamais avoir à dire à nos concitoyens que nous n'avons pas le temps d'assumer tel ou tel aspect de notre mandat parce que nous exerçons parallèlement une activité professionnelle !
Comme vous le savez, on a doté les parlementaires d'un certain nombre, sinon de privilèges, du moins d'avantages leur permettant de se déplacer dans toute la France et d'exercer correctement leur mission – notamment à l'aide de collaborateurs.