Intervention de Michèle Crouzet

Séance en hémicycle du jeudi 6 janvier 2022 à 15h00
Légalisation du cannabis : évolutions européennes blocages français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Crouzet :

Merci pour vos propos. Je n'ai pas lu le rapport en entier et mes connaissances sur le cannabis ne sont qu'incomplètes, mais je voudrais évoquer le cas d'un producteur d'orchidées de mon département, l'Yonne, auquel j'ai rendu visite récemment – il produit les orchidées que l'on trouve à l'Assemblée nationale, c'est donc une très belle production ! En parallèle, avec des amis, il est en train de se lancer dans la production de cannabis à visée thérapeutique. J'ai sollicité le préfet du département pour que nous visitions ensemble le lieu de production, mais il n'a apparemment pas envie d'y aller. Il est important que nous ayons connaissance des argumentaires permettant de défendre ce type de projet, mais aussi que nous sachions précisément comment les choses se passent.

Je suis aussi mère de trois enfants. Comme tout le monde, je me pose donc beaucoup de questions au sujet du cannabis. Tout à l'heure, vous avez dit que ce n'était pas plus dangereux que l'alcool, mais je pense que les deux usages peuvent être liés : souvent, ceux qui fument du cannabis boivent aussi de l'alcool, et c'est d'ailleurs bien plus vrai que l'inverse, puisque ceux qui boivent de l'alcool ne consomment pas nécessairement du cannabis.

Je m'interroge par ailleurs sur la manière dont se fera le passage de l'illégalité à la légalité. Tout à l'heure, vous avez dit qu'il faudrait répondre à la demande. Il faudra donc se procurer la quantité de produit nécessaire : comment répondra-t-on du jour au lendemain à une telle demande, sachant qu'apparemment, la production de cannabis est pour le moment très faible sur notre territoire ? Devra-t-on aller en chercher ailleurs ? Il faudra en produire, comme le fait la personne que j'évoquais dans l'Yonne – cela pourrait aider.

La cigarette, par exemple, a d'abord été illégale, mais sa légalisation n'a pas empêché le développement d'un marché noir de cigarettes à moindre coût, lié à la hausse de leur prix – la hausse devait permettre d'augmenter les recettes de l'État, afin de permettre le financement des soins aux personnes souffrant d'une addiction au tabac. Si on fait la même chose avec le cannabis, on risque de se retrouver de la même manière avec un marché noir de cannabis illégal, peu cher et de très mauvaise qualité, donc avec du cannabis très dangereux pour les consommateurs, alors qu'il aura été légalisé. Pour nous, c'est un point essentiel : comment accomplir la transition, et quelles seront les conséquences d'une légalisation ?

S'agissant des dealers, qui prospèrent grâce au cannabis illégal, que va-t-il se passer si on leur retire ce gain ? Ils vont forcément proposer à leurs clients d'autres drogues, d'un type un peu différent. Vous nous dites que non, mais nous avons du mal à comprendre pourquoi !

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