Nous avons besoin de regards croisés sur cette question. Ceux d'entre nous qui ont participé à cette passionnante mission d'information ont beaucoup appris. Il nous faut déconstruire certaines images ancrées depuis longtemps.
À votre avis, la politique de prohibition, très forte en France, ne finit-elle pas par empêcher la conduite d'une vraie politique de santé publique ? À force de travailler uniquement sur l'interdiction, ne se prive-t-on pas de la possibilité de faire un travail de fond sur les raisons – psychologiques, sociales ou autres – qui poussent tant de jeunes à l'addiction au cannabis ? Vous avez par ailleurs raison de dire qu'il faut entamer enfin un vrai dialogue avec les jeunes, qui sont rarement associés à nos débats.
La méconnaissance de ces questions conduit assez naturellement les gens à se demander si le cannabis ne pourrait pas être une porte d'entrée vers des drogues plus dures. Cette crainte, quelque peu instrumentalisée, est souvent mise en avant. Pourriez-vous, même dans le peu de temps qui vous est imparti, revenir sur ce point ?
À cet égard, il faut revenir sur la qualité des produits. L'un de vous a évoqué le CBD, le cannabis bien-être, qui nous offre un bon exemple : si nous ne créons pas une filière saine et bien organisée, nous allons voir perdurer la situation absurde dans laquelle nous sommes, qui nous conduit à importer des produits sans savoir dans quelles conditions ils sont mis sur le marché. C'est terrible. Il me semble que c'est la peur qui fait que le statu quo dure depuis très longtemps.