Intervention de Isabelle Santiago

Séance en hémicycle du jeudi 6 janvier 2022 à 15h00
Légalisation du cannabis : évolutions européennes blocages français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Santiago :

Ma question aborde un point majeur du débat : le cannabis thérapeutique. C'est un sujet de politique publique de santé qui renvoie, pour les patients, à une attente extrêmement forte. Votée à l'unanimité par la représentation nationale il y a plus de deux ans, l'expérimentation du cannabis thérapeutique devait intégrer 3 000 patients. Huit mois après son lancement, les chiffres ne sont pas bons : vous avez parlé, madame la secrétaire d'État, de quelque 1 000 personnes seulement – j'ai pour ma part le chiffre de 870 –, parce que de nombreuses maladies ont été exclues de l'expérimentation. Celle-ci nous offrait pourtant l'occasion de rattraper notre retard sur les autres pays européens, beaucoup de mes collègues l'ont rappelé : je pense à l'Espagne, au Portugal, à la Suisse, au Luxembourg ou encore à l'Allemagne. Mais la France se braque sur la question du cannabis, qu'il soit récréatif ou non.

Alors que le cannabis thérapeutique est attendu par de très nombreux patients, les conditions d'inclusion des malades dans l'expérimentation sont trop restrictives, de nombreux éléments les encouragent à bouder ce produit, et les médecins ne se pressent pas pour le proposer, n'étant pas formés en France pour en prescrire. Les responsables passent leur temps à en déconstruire l'image alors qu'à l'échelle mondiale, le cannabis thérapeutique est reconnu et qu'en Europe, il a permis des avancées majeures. Vous avez, comme le ministre des solidarités et de la santé, rencontré les malades concernés ; moi-même, j'ai rencontré Bertrand Rambaud, fondateur de l'Union francophone des cannabinoïdes en médecine. Je le répète, les attentes sont fortes. En désespoir de cause, certains malades obtiennent bien évidemment des traitements ailleurs et se retrouvent confrontés à la sanction de la loi française. Comme le disait mon collègue François-Michel Lambert, que va-t-on faire quand les Allemands vont voyager à travers la France pour aller en Espagne ou ailleurs en transportant avec eux du cannabis récréatif ou thérapeutique ?

Pour nous, au groupe Socialistes et apparentés, le constat est clair : il faut avancer sur le sujet, les malades l'attendent, c'est urgent. Mais on tarde beaucoup trop pour que la France puisse être leader en ce domaine.

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