À l'origine, je n'avais pas de convictions sur le sujet. Disons que mon hérédité culturelle en la matière était à la fois ouverte et un peu conservatrice en raison de la peur que ce sujet suscite pour les jeunes générations.
Je suis élu d'une circonscription assez bourgeoise, voire très bourgeoise par certains endroits. J'ai été frappé de constater que ceux qui m'ont interpellé à plusieurs reprises sur le sujet, dans cette circonscription, n'étaient pas les parents ou les jeunes souhaitant disposer d'un accès plus libre à des activités récréatives renouvelées, mais des parents qui pensaient être protégés dans leur quartier, dans les établissements scolaires privés ou publics, ceux qui pensaient pouvoir résister à la pression en mettant leurs enfants à distance et à l'abri. Ils sont venus me voir pour me dire : en fait, c'est partout, c'est tout le temps, et on n'y arrive pas. Il y a des vendeurs commissionnés à la porte de chaque établissement, en particulier les plus protégés. Personne ne peut résister à un réseau Tupperware présent dans chaque cuisine. Ces parents m'ont donc demandé de pousser l'idée d'une approche régulée avec la capacité pour l'État d'intervenir de façon plus efficace.
J'ai considéré que les travaux de mes collègues parlementaires constituaient un apport considérable à une meilleure compréhension du sujet. Je vois l'hostilité immédiate dans l'opinion ; je vois la difficulté d'appropriation du sujet, mais je ne vois pas de plan B. Quand je parle de plan B, je ne pense pas simplement à la répression mais, au plus près des collèges et des lycées, à la capacité de l'État à mettre fin à cette vente d'enfant à enfant, de jeune à jeune. Dans les conditions actuelles, je ne vois pas comment on peut y arriver.