Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du jeudi 6 janvier 2022 à 15h00
Sahara occidental

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq, représentant du Front Polisario auprès de l'Union européenne :

Pour ce qui concerne la première question, je souhaiterais tout d'abord clarifier un point. Souvent, en effet, en France et ailleurs, les médias présentent la solution du référendum comme la position du Front Polisario, alors que c'est faux. Notre position est très claire : nous sommes pour l'indépendance, et c'est la raison pour laquelle nous avons proclamé en 1976 la République arabe sahraouie démocratique – RASD –, qui siège depuis 1984 en qualité de membre à part entière au sein de l'OUA, puis de l'Union africaine. Le Maroc, lui, est partisan de l'intégration du territoire au sein du Royaume.

Le référendum est la seule position de compromis intermédiaire entre les positions des deux parties. Indépendamment de la position du Polisario pour l'indépendance et de celle du Maroc pour l'intégration du territoire, la position de l'ONU et de la légalité internationale, ainsi que la tradition de la décolonisation, prévoient la consultation originale du peuple du territoire du Sahara occidental par un référendum d'autodétermination. Cette position de compromis demeure la seule solution fiable pour résoudre ce conflit. Quant aux modalités d'application du référendum, elles feront l'objet de négociations, mais un accord a été signé entre les deux parties en 1991 et un accord complémentaire en 1997 sous les auspices de James Baker.

Pour ce qui est de la deuxième question, relative à la présidence sénégalaise de l'Union africaine et au Sahara occidental, je précise que, depuis la reprise de la guerre sur ce territoire, l'Union africaine s'est prononcée très clairement : lors de son sommet tenu à Addis-Abeba en mars 2021, le Conseil de paix et de sécurité a adopté une décision par laquelle il a invité les deux pays membres que sont la République sahraouie et le Royaume du Maroc à s'engager dans des négociations pour parvenir à une solution respectant de la façon la plus claire la Charte de l'Union africaine, notamment son article 4 relatif au respect des frontières héritées de l'ère coloniale, c'est-à-dire des frontières reconnues pour la RASD et le Royaume du Maroc. Le lendemain, le Maroc a déclaré son refus catégorique de cette décision adoptée unanimement par tous les membres.

Le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique et l'Union africaine s'est prononcée. Elle dispose de tout l'espace nécessaire pour jouer un rôle en la matière, car le territoire du Sahara occidental, ainsi que le Royaume du Maroc depuis 2017, sont membres de cette organisation régionale.

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