Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du jeudi 6 janvier 2022 à 15h00
Sahara occidental

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq, représentant du Front Polisario auprès de l'Union européenne :

J'ai évoqué tout à l'heure nos espoirs à l'égard de l'Union européenne et de la France. Pour résumer, nous espérons que la France et l'Union européenne assument la responsabilité de faire appliquer les accords signés entre les parties – le Front Polisario et le Maroc –, afin de permettre aux Sahraouis de jouir de leur droit à l'autodétermination et à l'indépendance, à l'instar de tous les pays colonisés à travers l'histoire. L'Union européenne a aujourd'hui une responsabilité supplémentaire, après les efforts menés en son sein et la volonté qui s'exprime de contourner les décisions de la justice européenne dans le seul but de servir les intérêts du Maroc. Au Maghreb, on a l'impression qu'à Paris, mais aussi à Bruxelles, s'exprime une préférence pour le Maroc, au détriment des autres pays et peuples de la région, et ce me semble être une anomalie qu'il faut corriger.

Pour ce qui est de la situation humanitaire dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, la condition de réfugié est un problème en soi. L'état de réfugié renvoie ici à une cause politique – et non à un désastre naturel –, en l'occurrence l'exode des Sahraouis après l'invasion militaire de leur territoire par l'occupant marocain.

Depuis le premier jour, les institutions de la RASD se sont investies pour bâtir les bases d'un État sahraoui moderne, qui peuvent aider, après l'indépendance, à concrétiser et à satisfaire les aspirations d'un peuple souverain. Je crois qu'on est parvenu à des avancées essentielles, surtout dans le domaine de l'éducation, de la santé publique, de l'émancipation des femmes, de la participation des jeunes et même de la pratique démocratique au sein des camps de réfugiés, ce qui n'est pas évident dans des mouvements de libération nationale.

Vous savez que le cessez-le-feu a été rompu à la suite de l'invasion militaire du Maroc dans une zone démilitarisée, la région de Guerguerat. Après l'occupation d'une partie des territoires, nous avons été obligés de recourir à notre droit légitime à la défense. Depuis, le cessez-le-feu s'est effondré et la mission des casques bleus est devenue périphérique. On n'a pas procédé à l'expulsion des casques bleus – c'est loin d'être sur la table – et on appelle toujours la MINURSO à jouer son rôle : l'organisation du référendum d'autodétermination, reflétée dans la lettre R de l'acronyme de cette mission. Le cessez-le-feu avait été signé entre les deux parties comme une étape afin de préparer le processus de paix et l'organisation du référendum d'autodétermination, mais il est devenu seulement un instrument aux mains du Maroc pour consolider son occupation du territoire.

L'objectif ultime de la mission de l'ONU et de l'ONU dans son ensemble consiste à décoloniser les territoires et à donner la possibilité aux Sahraouis d'en déterminer le statut définitif, comme le préconise le droit international.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.