Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du jeudi 6 janvier 2022 à 15h00
Sahara occidental

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Je vais employer mes deux minutes à contredire M. le ministre délégué, qui me semble avoir dit tout et son contraire. J'ai beaucoup apprécié la première partie de votre intervention, affirmant le respect du droit international – c'est une bonne chose qu'un ministre des affaires étrangères ou son représentant tienne ces propos –, mais il est frappant de vous entendre ensuite démontrer qu'en réalité, vous ne le respectez pas. Vous ne pouvez pas dire à la fois que vous souhaitez le respect des résolutions des Nations unies et que vous êtes disposé à discuter du plan de paix et de l'autonomie. Non, nous ne devons discuter que des résolutions des Nations unies et de leur mise en œuvre, pas de la position marocaine ! Quand on fait du droit international, le principe de base, c'est que les deux parties soient d'accord.

Sur l'autonomie, le Front Polisario, reconnu comme le représentant du peuple sahraoui par les Nations unies, n'est pas d'accord avec le plan que vous évoquez. Vous ne pouvez donc pas affirmer soutenir l'un et l'autre. De même, quand vous dites au sujet des décisions de justice européenne que vous souhaitez le bien-être du peuple sahraoui dans les territoires occupés, la seule chose à faire serait de demander son avis au Front Polisario, seul représentant du peuple sahraoui reconnu par le droit international, donc seul habilité à donner l'autorisation d'exploiter les richesses au Sahara occidental et de conclure des accords – ou à les conclure lui-même – avec l'Union européenne.

Depuis près de trente ans, le groupe de la Gauche démocrate et républicaine estime que la France possède la clé de la paix dans cette région du monde. Si le cessez-le-feu a été annulé, c'est justement à cause de ce non-règlement, dû à trente ans d'inaction diplomatique, trente ans de stand-by. En d'autres termes, on n'a pas mis à profit le temps du cessez-le-feu pour conclure une paix durable et définitive, et on en voit aujourd'hui le résultat : comme vous le dites vous-même, le conflit pourrait enflammer toute la région, et la France n'y a aucun intérêt.

Je veux conclure en évoquant le sort des prisonniers politiques – je pense notamment à Naâma Asfari et à notre concitoyenne Claude Mangin. Cette dernière, qui s'est adressée maintes fois au Quai d'Orsay, n'a jamais obtenu les réponses qu'une citoyenne française est en droit d'obtenir sur ses demandes relatives au droit de visite et au respect du droit humain. Elle en a témoigné tout à l'heure et j'aimerais connaître l'attitude future du Quai d'Orsay à la fois à son égard et vis-à-vis du représentant du Front Polisario en France, puisque Paris est la seule capitale d'Europe à ne pas traiter le représentant du Front Polisario comme il se doit – alors que, je le rappelle, la France préside le Conseil de l'Union européenne depuis le 1er janvier dernier.

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