Le sujet est d'importance et il est rare qu'il puisse avoir l'audience dont va bénéficier notre débat, y compris dans la région du monde qui nous occupe.
La question du Sahara occidental représente un paradoxe pour nous. D'une part, nous avons avec le Maroc, qui est un pays ami et un partenaire exceptionnel, doté d'une sensibilité très forte, une coopération sans égale dans tous les domaines. D'autre part, nous constatons sur ces territoires du Maroc et du Sahara un conflit gelé depuis une trentaine d'années, laissant sans situation une population ghettoïsée, qui ne se porte pas beaucoup mieux d'un côté ou de l'autre de la frontière et qui n'a pas de perspectives, notamment en termes économiques et d'emploi. Cette situation constitue le terrain idéal pour favoriser tous les comportements déviants en matière de trafic de drogue, de risques de criminalité et de radicalisation. Bref, tous les éléments sont réunis pour constituer une espèce de Gaza local.
Sur ce plan, il n'y a guère de perspectives de règlement, et je dois dire que les décisions unilatérales prises par les États-Unis n'ont pas eu l'effet escompté d'entraînement sur les pays européens. Ce que vient de faire la Cour de justice rappelle qu'on ne peut pas régler ce problème par des décisions juridiques unilatérales.
Par ailleurs, la situation apparaît de plus en plus difficile sur le plan multilatéral. Le renouvellement du mandat de la MINURSO s'est fait dans des conditions beaucoup moins consensuelles que par le passé et, de part et d'autre, le conflit se renforce.
Que la situation puisse être stabilisée n'est donc pas une option. Et la France, qui est amie de ce pays, a un rôle à jouer.
Le contexte de la rivalité entre l'Algérie et le Maroc est particulièrement délicat. J'ai l'impression que, dans les agendas bilatéraux, se placent tout en haut la situation du Sahara, que nous venons d'évoquer, ainsi que la question palestinienne et les accords d'Abraham. Il y a d'ailleurs un certain paradoxe à constater qu'à leur suite, les tensions ont légèrement diminué en Méditerranée orientale mais augmenté en Méditerranée occidentale.
La France a été un acteur inlassable de l'union du Maghreb et du dialogue à 5 + 5. Elle s'est toujours fortement impliquée pour coopérer avec les deux rives de la Méditerranée occidentale et les faire coopérer entre elles. Dans ces conditions, nous ne pouvons pas ne rien faire.