Intervention de Frédéric Petit

Séance en hémicycle du jeudi 6 janvier 2022 à 15h00
Avenir institutionnel et politique de la nouvelle-calédonie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Petit :

Peut-être économiserai-je du temps de parole en évitant de répéter des histoires qui ont été bien mieux dites par mes collègues, mais je me sens moi aussi concerné et interpellé par l'accord de Nouméa et par l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, comme le disait notre collègue le président Mélenchon à propos de son implication depuis trente-six ans. Pour ma part, j'ai été d'emblée admiratif devant ce que la France réussissait à faire, qui était unique au monde, avec cet accord.

Les trois référendums que nous venons de vivre ont occasionné des moments parfois difficiles. S'agissant du dernier, qui a eu lieu en décembre dernier, je salue l'engagement régalien du Gouvernement, qui a maintenu la sécurité dans le cadre du scrutin. Je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il a fait un plaidoyer pour le « oui » : il a essayé d'éclairer les citoyens avec un texte à la fois clair et neutre – et je crois que nous avons besoin, plus que jamais, de citoyens éclairés.

Comme le Président de la République l'a rappelé, nous devons regarder ces trois résultats « avec respect et humilité » : respect, parce que les engagements ont été tenus s'agissant d'un processus qui, je l'ai dit, est sans équivalent au monde ; humilité, parce que chaque scrutin et la manière dont ils se sont déroulés – mes collègues l'ont rappelé – nous prouvent que la société calédonienne reste encore divisée. Contrairement à ce qu'on a l'habitude de croire, il n'y a pas que deux communautés, bloc contre bloc, en Nouvelle-Calédonie, et les autres apports qui l'enrichissent ont été soulignés par mes collègues.

Vous le savez, je suis un Français établi à l'étranger ; je vais maintenant essayer d'apporter au débat national ce que nous, Français de l'étranger, qui avons parfois un autre regard sur l'aventure nationale, pouvons lui apporter. Je suis également médiateur, ce qui me permet aussi de disposer parfois de quelques outils utiles et de porter, en tant que tel, un regard un peu différent. Ce qui est aujourd'hui en jeu, c'est le nouvel accord qui doit intervenir en 2023 : il doit permettre de trouver une identité partagée.

Au-delà des enjeux statutaires, administratifs et légaux, je pense que deux problèmes fondamentaux se posent – ils ont été évoqués mais je voudrais insister à leur sujet –, et je suis un peu surpris mais surtout très fier que ce soit la parole de mon groupe, le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés, qui les mette sur la table.

Premièrement, nous avons donné des compétences à 270 000 de nos compatriotes, ce qui n'est pas beaucoup, et nous savons bien que cela a été source de déséquilibres : comment une communauté de 270 000 personnes peut-elle disposer d'une université et des compétences afférentes, et parvenir à la faire fonctionner selon les standards qui sont les nôtres ?

Le second problème fondamental, c'est celui des inégalités sociales et économiques. Mon collègue l'a rappelé tout à l'heure, c'est le seul indicateur qui s'est dégradé au cours des trente-six dernières années ! Je crois que nous devons poser sérieusement ces deux problèmes, si nous voulons essayer d'avancer.

Se pose par ailleurs une autre difficulté, liée au fait qu'il existe un gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, qui se trouve sur place et dont les petits différends, sur le plan administratif et sur celui des compétences, peuvent parfois faire oublier qu'il doit affronter un défi que nul autre ne pourrait relever.

Sur quel accord pouvons-nous travailler pour 2023 ? Mes chers collègues, c'est là que je voudrais apporter mon petit écot à la réflexion. La nationalité française est originale – cher président Mélenchon, nous avons créé chez nous une citoyenneté et une nationalité spécifiques parce que nous avons dit à toute l'Europe, en 1789, qu'être Français, c'était aimer la liberté. Je vous rappelle que les Marseillais qui ont alors entonné La Marseillaise n'étaient pas français à cette époque-là, mais ils aimaient la liberté, et c'est ce qui leur a permis de devenir français. Et aujourd'hui, peut-être pourrions-nous commencer par dire que, si nous cherchons l'égalité, alors nous serons tous néo-calédoniens.

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