Intervention de Valérie Petit

Séance en hémicycle du vendredi 7 janvier 2022 à 9h00
Engagements de la france pour la transition écologique et la protection de la biodiversité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Petit :

Mon intervention portera sur un enjeu qui m'est cher, ainsi qu'à Mme la secrétaire d'État : la préservation et la restauration de la biodiversité. Je ne rappellerai pas ce que nous savons tous, à moins de vivre au fond d'un trou : nous assistons à un déclin historique de la nature, à une sixième extinction de masse des espèces sous la pression de l'activité humaine. Cependant, la nature n'est pas seulement un trésor à sauver, mais une alliée avec laquelle coopérer. S'il est un message d'optimisme que je veux partager avec vous, chers collègues, en ce début d'année, c'est celui-ci. La nature s'est révélée incroyablement résiliente et généreuse en solutions pour notre climat, notre habitat, notre alimentation, notre santé. Cette générosité exige en retour que nous fassions preuve de responsabilité à son endroit et, encore une fois, nous invite à la coopération.

Depuis le début de ce quinquennat, la France s'est faite l'alliée de la biodiversité. Considérons le chemin parcouru durant la seule année 2021, qui fut une grande année en la matière. En 2021, nous avons lancé l'élaboration de la troisième stratégie nationale pour la biodiversité, qui fixera le cap de la préservation des écosystèmes et des espèces pour la période 2021-2030. Nous avons créé un délit général de pollution et un délit de mise en danger de l'environnement, donnant à celui-ci de véritables droits. Nous avons fixé une stratégie nationale visant à ce que, dès 2022, 30 % du territoire national et des espaces maritimes français soient protégés, dont un tiers sous protection forte. Nous avons renforcé les objectifs de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI), lutte qui constitue l'une des priorités de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.

Nous avons interdit l'artificialisation des sols en vue de la construction de surfaces commerciales et inscrit dans la loi l'objectif d'une artificialisation nette nulle en 2050. Nous avons créé deux nouveaux parcs nationaux, le plus beau étant bien sûr celui de la baie de Somme, dans ma région des Hauts-de-France. Nous avons interdit la détention d'animaux sauvages dans les cirques et renforcé les sanctions en cas de maltraitance d'animaux domestiques. Enfin, en 2021, la France a accueilli à Marseille le congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), où des engagements forts ont été pris, notamment concernant la protection des eaux en Méditerranée.

Madame la secrétaire d'État, le moins que l'on puisse dire est qu'en matière de biodiversité, notre majorité n'a pas à rougir de son bilan. Toutefois, beaucoup de combats restent à mener, notamment aux niveaux européen et international. J'en citerai deux, au sujet desquels j'aimerais que vous nous éclairiez sur les objectifs du Gouvernement en 2022.

Le premier, européen, est celui de la finance durable. Avec le Pacte vert pour l'Europe, puis le paquet législatif Fit for 55 – ajustement à l'objectif 55 –, l'Union européenne s'est dotée d'une formidable ambition et de moyens historiques, en vue de faire de l'Europe un continent exemplaire, le premier à atteindre la neutralité carbone en 2050. Avec la taxonomie verte, la révision de la directive sur la publication d'informations extrafinancières (NFRD) ou le projet de mécanisme d'ajustement carbone aux frontières que soutiendra la France, nous avançons à grands pas vers une finance et une fiscalité plus vertes, elles-mêmes nécessaires aux besoins de financement et d'investissement de la transition écologique.

Pour autant, j'appelle votre attention sur le fait que ces initiatives sont peut-être trop focalisées sur la décarbonation et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), au détriment de la biodiversité. Nous disposons, comme pour le CO2, d'indicateurs permettant de mesurer avec précision la pression exercée sur celle-ci par les activités humaines ou encore l'empreinte biodiversité des entreprises : il importe qu'ils soient pris en compte au même titre que les indicateurs carbone, notamment dans les règles et indices de marché. Pouvez-vous nous rassurer à ce sujet, madame la secrétaire d'État, et nous confirmer que la France veillera à ce que la biodiversité ne soit pas oubliée dans cet important domaine ?

Le second combat, mondial, est celui de la santé environnementale. Vous le savez mieux que quiconque, madame la secrétaire d'État : la terrible pandémie qui nous frappe ne provient pas d'un laboratoire chinois mais d'un agent infectieux transmis par les animaux. Cette zoonose nous rappelle à quel point il est urgent de penser et de traiter les enjeux de santé et de biodiversité au sein de l'approche « Une seule santé ». C'est ce que préconise entre autres le rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) publié en octobre 2020 : diminuer les activités humaines entraînant une perte de biodiversité, mieux conserver les zones protégées, restreindre l'exploitation non durable dans les régions riches en biodiversité réduirait considérablement le risque de pandémies en raréfiant les contacts des animaux sauvages avec le bétail ou les êtres humains, et en aidant à prévenir la propagation de nouvelles maladies.

Pourriez-vous, madame la secrétaire d'État, nous dire où en est la France sur son propre territoire et quelles initiatives elle soutiendra sur la scène internationale – car ce problème ne peut être résolu que par une coalition planétaire, de même que la plupart de ceux qui sont liés à la biodiversité, et au sujet desquels vous pourrez compter, en 2022, sur le soutien du groupe Agir ensemble ?

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