Intervention de Sylvie Tolmont

Séance en hémicycle du vendredi 7 janvier 2022 à 15h00
Évaluation des politiques de prévention en santé publique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvie Tolmont :

Je tiens, tout d'abord, à remercier nos collègues Marie Tamarelle-Verhaeghe et Régis Juanico pour le travail aussi passionnant que nécessaire qu'ils ont effectué l'année dernière sur l'évaluation des politiques de prévention en santé publique.

Nous le savons toutes et tous, la prévention en santé publique recouvre un large spectre de thématiques : la lutte contre les inégalités de destin, qu'elles soient sociales ou territoriales ; le développement de l'activité physique et sportive ; les apprentissages liés aux usages du numérique ; l'éducation alimentaire ou encore la lutte contre la dépendance et les maladies chroniques. Chacun de ces sujets mériterait de longs développements tant ils sont importants et concernent l'ensemble de nos concitoyens, tout au long de leur vie.

Dans le temps qui m'est imparti, je m'attacherai pour ma part à évoquer le sujet majeur de la sédentarité, les dégâts auxquels elle conduit et la place cruciale que l'école de la République doit occuper en matière de prévention. J'insisterai particulièrement sur l'activité physique et sportive, principal levier de l'action publique et grande absente de la politique du Gouvernement.

En effet, au-delà de son intérêt puissant comme outil de socialisation et de réduction des inégalités, les bienfaits de la pratique sportive en matière de santé physique et mentale ne sont plus à prouver. Ils sont considérables et avérés, comme de nombreuses études en attestent. Selon le rapport d'information de nos collègues, 54 % des hommes et 44 % des femmes de 18 à 74 ans sont considérés comme en surpoids ou obèses. Si ce chiffre tombe à 17 % s'agissant des enfants âgés de 6 à 17 ans, le constat reste alarmant et doit nous interpeller.

Je pense aussi à un phénomène auquel la plupart d'entre nous ont déjà été confrontés : la surexposition aux écrans. Alors que la durée moyenne d'exposition annuelle des 3-10 ans est de sept cent vingt-huit heures, l'exposition précoce aux écrans est en voie de systématisation ; en matière de santé, ses conséquences sur le long terme seront sans aucun doute importantes. Elles se font d'ailleurs déjà sentir, puisque 66 % des 11-17 ans font déjà face à un risque sanitaire préoccupant lié à ce phénomène.

C'est d'ailleurs pour lutter contre ses nombreux effets pervers que le groupe Socialistes et apparentés avait déposé, à l'occasion du premier projet de loi audiovisuel de cette législature – le projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l'ère numérique –, plusieurs amendements visant à réduire l'exposition des enfants aux communications commerciales promouvant des produits alimentaires trop riches en sucre, en sel ou en matières grasses.

Face à la sédentarisation des modes de vie et à la surexposition aux écrans, il est plus que nécessaire de faire preuve de volontarisme. Depuis cinq ans, monsieur le ministre, nous nous interrogeons sur les mesures que vous avez engagées avec votre majorité pour vous attaquer à ces deux phénomènes, aggravés par la crise sanitaire. À cet égard, comme le souligne là encore le rapport de nos collègues, il est urgent d'agir en inscrivant résolument l'activité physique dans les cursus scolaires, en instaurant un véritable suivi de la santé des élèves et en privilégiant des initiatives novatrices en matière de développement de l'activité physique.

Finalement, le sport est générateur de bien-être ; mais, à maintenant deux ans des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, dont la dynamique doit favoriser un développement ambitieux de l'activité physique et sportive au cœur de notre quotidien, les propositions de la majorité ne sont pas à la hauteur. Lors des débats sur la mission "Sport, jeunesse et vie associative" du projet de loi de finances pour 2022, la majorité – pardonnez-moi de le dire – a montré son absence totale d'ambition en matière sportive : les 987 millions d'euros consentis, qui représentent 0,32 % du budget de la nation, sont très éloignés de l'objectif de 1 % et des 3 milliards nécessaires dans la perspective des Jeux olympiques.

Alors, monsieur le secrétaire d'État, quand comptez-vous passer des bonnes intentions aux actes ? Il ne nous paraît pas sérieux de promouvoir une politique ambitieuse de développement de l'activité physique sans y associer les financements nécessaires.

Enfin, puisque les actions de prévention sont d'autant plus efficaces lorsqu'elles interviennent tôt dans la vie, je souhaite insister sur la place essentielle que doivent occuper nos établissements scolaires en matière de prévention primaire. Alors qu'il y a urgence à développer la pratique du sport santé dès le plus jeune âge, le temps dédié au sport dans les établissements scolaires est plus qu'insuffisant. Quant aux étudiants, souvent contraints de financer leurs études en exerçant une activité salariée, ils subissent eux aussi la sédentarité.

Pour terminer, il me paraît absolument nécessaire d'évoquer les difficultés rencontrées par la médecine scolaire, lesquelles sont récurrentes du fait de moyens humains et financiers insuffisants et inadaptés. Monsieur le secrétaire d'État, quelles décisions comptez-vous prendre pour qu'elle parvienne à jouer le rôle déterminant qui doit être le sien en matière de prévention primaire ? Et plus largement, quels moyens allez-vous instaurer afin de favoriser l'activité physique chez nos jeunes, problème encore plus criant en ce temps de crise sanitaire ? Enfin, comment comptez-vous inciter davantage à la lutte contre la sédentarité ?

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