Il ne faut pas attendre d'être malade pour bénéficier d'un accès au sport : il faut donc miser sur la prévention dès le plus jeune âge. Car oui, il est urgent de lutter contre la sédentarité et de promouvoir des modes de vies plus actifs au quotidien ; il est urgent de mettre l'éducation physique et sportive au goût du jour. Mettre en mouvement les gens, c'est aussi un moyen de prévenir l'addiction aux écrans.
Mais notre modèle de société est aussi à revoir. En effet, les produits industriels, que l'on trouve dans les étals des grandes surfaces, sont bourrés de produits chimiques ; accessibles à moindre coût, ils rendent malades. Pour être en bonne santé, il faut aussi en avoir les moyens, et la pauvreté joue incontestablement un rôle négatif en ce domaine.
Prenons l'exemple de mon île, La Réunion : 39 % de la population y vit en dessous du seuil de pauvreté, et nous en connaissons les conséquences. Fréquenter une salle de sport, pratiquer des loisirs extrascolaires, acquérir des équipements sportifs pour nos enfants : tout cela a un coût ! En somme, sans moyens, il est difficile de prendre soin de sa santé.
C'est pour cette raison que si nous voulons améliorer la santé des Françaises et des Français, en particulier de nos jeunes, il faut avant tout lutter contre ce fléau qu'est la pauvreté et miser sur la prévention. Parallèlement, il faut ouvrir, en dehors des horaires scolaires, les équipements sportifs des établissements scolaires aux autres publics, et mieux accompagner les associations œuvrant dans ce domaine, faut de quoi les loisirs risquent de se limiter aux écrans, favorisant malgré eux la sédentarité.
S'y ajoute l'enjeu du « bien manger ». Nous savons tous qu'avec peu de ressources financières, il est difficile de manger sain et équilibré : on aura tendance à acheter des produits de mauvaise qualité qui rendent malades. En réalité, le bon marché coûte cher !
Sur nos territoires, les maladies métaboliques sont en pleine expansion et il est urgent d'agir contre ces fléaux. C'est pourquoi j'adhère à la proposition 18 du rapport de M. Juanico et de Mme Tamarelle-Verhaeghe, que je remercie pour leur travail. Comme l'évoquent également mes collègues Maud Petit et Jean-Philippe Nilor dans le rapport d'information qu'ils ont rédigé au nom de la délégation aux outre-mer sur le sport et la santé dans les outre-mer, l'activité physique et sportive et le « bien manger » sont les meilleurs médicaments pour soigner et guérir le corps, tant physiquement que psychiquement.
Ainsi, l'éducation thérapeutique en faveur d'une bonne hygiène de vie doit passer par la mise à disposition des moyens nécessaires pour créer des ateliers relatifs au bien-être physique et psychique mais aussi à toutes les questions de nutrition, afin d'apprendre aux plus jeunes à prendre soin d'eux-mêmes. Que ce soit en partenariat avec l'éducation nationale ou par le biais associatif, ces ateliers doivent être animés par des professionnels, diététiciens et nutritionnistes, qui doivent jouer un rôle de formateurs et d'éducateurs en matière d'alimentation. Des structures comme les maisons sport-santé doivent être développées, ainsi que les structures associatives telles que les maisons de quartier. Les outre-mer comptent d'ailleurs des sportifs de haut niveau, qui pourraient par exemple parrainer ces associations afin d'inciter les jeunes à la pratique sportive.
Monsieur le secrétaire d'État, les territoires d'outre-mer comptent au moins 950 000 personnes pauvres et sont sujets au chômage de masse. La prévalence de maladies chroniques liées à l'alimentation y est beaucoup plus forte que dans l'Hexagone. En effet, le diabète touche 10 % des Martiniquais, 11 % des Guadeloupéens et 14 % des Réunionnais, contre une moyenne nationale de 5 % ; l'hypertension artérielle est plus élevée dans la plupart des outre-mer – 45 % à La Réunion, 43 % à Mayotte, 42 % en Martinique, 39 % en Guadeloupe, pour ne citer qu'elles – qu'en métropole. Enfin, à La Réunion, quatre personnes sur dix sont en surpoids et une personne sur dix est atteinte d'obésité.
Face à ce constat alarmant, monsieur le secrétaire d'État, les outre-mer doivent devenir des terres d'expérimentation et bénéficier d'une priorité en matière de sport-santé et de bien-être alimentaire. Quel est votre avis à ce sujet ?