Le Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques a choisi de cibler ses travaux sur le rôle de l'activité physique dans la prévention en santé publique. Il y a, en effet, beaucoup à dire en ce domaine, tant il est indispensable de bouger et d'être physiquement actif : le corps et l'esprit en ont besoin. Mais il convient d'adopter un point de vue plus général, ce sera la deuxième partie de mon propos.
Le groupe UDI et indépendants, notamment Valérie Six qui est spécialiste de ces questions, partage votre constat : nous devons lutter contre la sédentarité qui s'est aggravée avec la crise sanitaire, les confinements successifs et les restrictions d'accès aux salles de sport. L'activité physique possède de très nombreuses vertus et constitue un excellent moyen de se prémunir contre les maladies chroniques. « Le sport tout au long de la vie » est un souvent un slogan. Dès l'école, l'activité physique est importante pour la motricité, la croissance et le développement de l'enfant. La pratique d'un sport se poursuit durant toute la scolarité, mais bien souvent, lorsqu'ils accèdent à l'enseignement supérieur, les étudiants y renoncent faute de temps dédié et d'organisation adaptée. C'est pourquoi nous approuvons votre proposition de rendre systématique une unité d'enseignement libre d'activité physique et sportive dans l'enseignement supérieur. Nous pensons même que les établissements devraient effectuer un suivi et vérifier la participation et l'adhésion des étudiants à ces activités.
La crise sanitaire nous a rappelé que les étudiants, qui ont un âge que nous envions ou que nous regrettons, sont pourtant une population vulnérable. La pandémie s'est accompagnée d'une dégradation de l'état de santé mentale de bon nombre d'entre eux, à laquelle l'absence d'activité sportive a hélas contribué.
Nous manquons aussi d'infirmières et de médecins scolaires. Votre rapport rappelle ces chiffres cruels : une infirmière pour 1 300 élèves, un médecin pour 12 500 élèves. La Cour des comptes, sollicitée en avril dernier par la commission des finances, a d'ailleurs indiqué qu'une réorganisation complète de la médecine scolaire, assortie d'une révision de ses méthodes de travail, était indispensable. Les pouvoirs publics doivent se saisir de cette question.
Nous devons aussi promouvoir le sport dans la vie professionnelle car il est un remède contre le mal de dos, le stress, les risques de burn-out et bien d'autres pathologies. Le sport guérit et, mieux encore, il prévient les maladies : trente minutes d'activité physique par jour réduisent le risque d'accident cardio-vasculaire de 30 % en moyenne. À partir de 45 ans, chaque salarié doit pouvoir faire un bilan de son état de santé afin de corriger ses mauvaises habitudes. L'institut Pasteur de Lille a créé un parcours longévité permettant de dépister les fragilités des patients et de les accompagner dans une démarche de prévention. Ce modèle pourrait être financé par les cotisations versées aux services de santé au travail.
Enfin, comme indiqué dans mon propos introductif, je pense que la prévention en santé ne doit pas se limiter au sport. Notamment lorsqu'elle s'adresse aux jeunes, elle passe aussi par de solides politiques de sensibilisation. Au nom de Valérie Six, je tiens à vous alerter une fois de plus sur un phénomène en pleine expansion et qui met notre jeunesse en danger : l'usage détourné du protoxyde d'azote. Dimanche dernier, seize tonnes de bouteilles de protoxyde d'azote ont été découvertes, destinées à alimenter un trafic bien organisé. Les consommateurs de protoxyde d'azote sont passés des cartouches – que nous retrouvons vides sur le sol de nos rues – aux bonbonnes. Il est urgent d'agir !
Nous demandons à nouveau au Gouvernement de publier le décret encadrant la vente de ces cartouches, qui est attendu depuis juin dernier et le vote unanime de l'Assemblée nationale et du Sénat sur la proposition de loi de Valérie Létard. Nous appelons aussi le Gouvernement à organiser une campagne de sensibilisation contre cette consommation détournée qui provoque pertes de connaissance, brûlures par le froid, vertiges, chutes. Une consommation répétée peut entraîner des troubles neurologiques ou cardiaques graves.
Plus généralement, nous devons développer les campagnes de prévention contre la toxicomanie, l'usage des drogues, et sensibiliser aux risques de la consommation du cannabis. J'approuve la campagne de prévention organisée par le Gouvernement sur les risques d'ordre sanitaire, éducatif et social de l'usage de cette drogue. J'appelle de mes vœux une campagne similaire à l'égard du protoxyde d'azote.