Intervention de Marie Tamarelle-Verhaeghe

Séance en hémicycle du vendredi 7 janvier 2022 à 15h00
Évaluation des politiques de prévention en santé publique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie Tamarelle-Verhaeghe, rapporteure du comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques :

Cette intervention au nom du groupe La République en marche me permet de compléter et d'illustrer mon propos de rapporteure. En tant que médecin, qu'ai-je observé sur le terrain ? L'activité physique est un puissant moyen de lutter contre les cancers, les pathologies chroniques, qu'il s'agisse d'affections pulmonaires comme l'asthme ou de maladies cardio-vasculaires comme le diabète, l'hypercholestérolémie et l'hypertension, et l'obésité.

Cet effet prouvé s'explique notamment par le fait que l'activité physique rend la métabolisation du glucose beaucoup plus facile. La pratique du sport pourra permettre au diabétique de diminuer sa prise d'insuline ou d'autres traitements, voire de se passer de médicaments si la maladie est prise en charge très tôt. Au vu de ce constat, on pourrait croire que la pratique du sport est préconisée très fréquemment aux malades. En interrogeant encore récemment un confrère dans le cadre de la rédaction de ce rapport, j'ai constaté que ce n'était pas le cas. Il m'a dit qu'il ne prescrivait pas d'activité physique comme levier thérapeutique, tout en admettant que ce serait une bonne idée. C'est dire que cela ne fait pas partie de la culture et de la formation des professionnels de santé !

Une fois les bienfaits de l'activité physique connus de tous et promus par les professionnels de santé, se pose la question du lieu de la pratique. En matière d'offre d'activités physiques adaptées, un gros travail reste à faire. Si les maisons sport-santé sont en pleine expansion, elles émanent souvent d'initiatives locales et ne sont pas forcément coordonnées entre elles. Dans certains territoires, où elles sont nombreuses, elles se spécialisent pour éviter de se concurrencer ; dans d'autres, cependant, elles sont inexistantes. À notre avis, il faudrait clarifier les missions de ces structures et mettre l'accent sur leur rôle de référent.

Forte de l'expérience de la mission d'évaluation sur l'alimentation saine et durable que j'ai conduite avec Julien Dive, je pense que la promotion de l'activité physique pourrait être un levier puissant de prévention primaire des pathologies chroniques. Or il est un autre domaine, que je connais très bien et qui me tient particulièrement à cœur, où cette prévention est insuffisante : la santé à l'école. Il faudrait prendre le sujet à bras-le-corps.

Quels sont les besoins fondamentaux des enfants ? De quoi ont-ils besoin pour mener leur vie de tous les jours et être en bonne santé ? L'activité physique est un besoin fondamental quotidien. Étant des cueilleurs-marcheurs, nous sommes physiologiquement conçus pour bouger tout le temps, alors que nous sommes devenus très sédentaires.

Autres besoins fondamentaux : dormir, boire, manger, éliminer. En y regardant de près, on se rend compte qu'ils ne sont pas toujours bien pris en compte à l'école. Une fois sortis de la moyenne section de maternelle, les enfants ne font plus de sieste, alors qu'ils en auraient besoin pour acquérir plus facilement les compétences demandées. Pour qu'ils puissent boire, y a-t-il des distributeurs d'eau à disposition ? J'en ai vu à l'Assemblée, mais pas beaucoup dans les écoles. Quant à l'élimination, c'est un vrai sujet. En raison des soucis de discipline et des peurs d'adulte liées à la sécurité, les enfants, à l'école, ne peuvent pas aller aux toilettes en cas de besoin.

Pour l'activité physique, le même constat d'insuffisance est posé. Sous l'égide de M. Blanquer, une expérimentation est conduite dans certaines écoles élémentaires où les enfants pratiquent trente minutes d'activité physique, ce dont je me réjouis. Cependant, l'expérience ne concerne que peu d'écoles alors que l'activité physique est un besoin fondamental. Lors de mes temps d'échanges avec les jeunes dans les écoles, au bout d'une demi-heure, je leur demande de se lever pour que nous fassions tous trente seconde d'étirements. Tout le monde se demande ce que fait la députée !

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