Avec les députés du groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés, je me réjouis que cette première présidence française du Conseil de l'Union européenne depuis quinze ans ose travailler sur la question de l'immigration et de l'asile. Le sujet est délicat et révèle les différences culturelles dans les pays membres. Affronter le dossier montre l'ambition française en Europe ; nous pouvons nous en enorgueillir. Oui, un règlement de Dublin rénové est plus que nécessaire ; oui, nous devons adapter Frontex à la situation ; oui, nous devons moderniser la base de données Eurodac ; oui, les pays membres doivent partager plus équitablement et humainement la charge de l'accueil des demandeurs d'asile, c'est une urgence pour l'Union.
Certes, la pression est forte : 64 % de flux migratoires de plus au cours des huit premiers mois de 2021 par rapport à 2020. Les récents événements en Biélorussie, ainsi que les tensions avec notre voisin d'outre-Manche nous ont rappelé de terribles images de 2015. Le pape François lui-même pointe l'échec collectif européen sur l'accueil des populations étrangères et le refus brutal de prise en charge de la détresse de ces êtres humains, en parlant d'un « naufrage de civilisation ». Mais nous pouvons y arriver en embarquant nos partenaires. C'est l'occasion que la France doit saisir avec la présidence semestrielle du Conseil de l'Union.
Je siège à la commission des migrations des personnes réfugiées et de leurs enfants du Conseil de l'Europe à Strasbourg. J'y défends un projet de rapport sur le traitement médiatique et politique réservé à ces personnes pendant les périodes électorales. Monsieur le ministre délégué, il nous faut retrouver l'optimisme des idéaux européens des pères fondateurs, de nos poètes et historiens, pour chasser ce cynisme qui anime une Europe contaminée par l'intergouvernemental. Dans notre inquiétude fiévreuse, nous avons créé de toutes pièces un monstre : le migrant, une figure indésirable et problématique, en oubliant que l'Europe que nous avons construite depuis le Moyen Âge, par une sédimentation lente et fragile, est le fruit de ce phénomène normal qu'est la migration. Alors que nous entrons dans une année électorale cruciale pour notre pays, je vous demande quels sont les efforts qui sont faits pour ne pas stigmatiser ces populations et ne pas utiliser l'accueil à des fins électoralistes néfastes pour les droits humains.