En décembre dernier, à Calais, j'ai pu constater combien le sort réservé aux exilés était alarmant. Ils sont quotidiennement harcelés, chassés d'un endroit à l'autre. Le vol ou la lacération des tentes et des effets personnels deviennent la norme. De démantèlement en démantèlement, rien n'est fait pour assurer leur sécurité, ni un accueil digne.
De plus, les associations sont sans cesse criminalisées. Elles doivent, en plus de porter secours aux migrants, supporter les attaques répétées de la force publique, sur ordre de l'État. De nombreuses actions sont menées pour dissuader l'installation des migrants et le travail des associations et des habitants solidaires. À titre d'exemple, les associations sont contraintes d'organiser les distributions alimentaires au fil des différents arrêtés préfectoraux interdisant l'accès à certains lieux. Tous les deux jours, elles sont obligées de chercher où elles pourront porter secours, donner une aide alimentaire à ces personnes. Les observateurs internationaux de respect des droits humains sont pour leur part écartés par les policiers, dont – vous l'admettrez, je l'espère – ce n'est pas le rôle.
Ces exactions répétées, ce harcèlement quotidien donnent le ton aux conservateurs de tout poil. Je pense ici à la vidéo d'une agression par arme à feu envers des migrants qu'un élu Rassemblement national a partagée sur les réseaux sociaux.
Monsieur le ministre délégué, je ne vous demande pas de trouver un juste équilibre entre la gauche et la droite : le respect des droits humains ne relève pas d'un équilibre – on les respecte ou on ne les respecte pas. À Calais, d'évidence, les droits des personnes ne sont pas respectés. Il est de votre responsabilité d'apaiser les tensions en empruntant la voie du droit des personnes.