Intervention de Jean-Paul Dufrègne

Séance en hémicycle du mercredi 12 janvier 2022 à 15h00
Gestion des risques climatiques en agriculture — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Dufrègne :

Comme nous l'avons indiqué en commission, ce projet de loi suscite l'inquiétude de notre groupe tant du point de vue de son orientation générale que des modalités de sa mise en œuvre. Vous le savez : compte tenu de l'ampleur des menaces climatiques, sanitaires et environnementales qui pèseront sur notre agriculture dans les décennies à venir, les députés communistes réclament un véritable régime public d'assurance et de gestion des risques en agriculture, englobant l'ensemble des risques. Avec mon collègue André Chassaigne, nous avions d'ailleurs déposé en avril 2020 une proposition de loi en ce sens.

Nous défendons un système dans lequel chaque agriculteur, quelle que soit sa production, serait couvert ; un système dans lequel les agriculteurs et les décideurs publics détermineraient les objectifs et les moyens de les atteindre, notamment en prévoyant des ressources pérennes pour répondre chaque année aux besoins identifiés. Le texte tourne le dos à cette ambition – même si vous vous en défendez, monsieur le ministre, en affirmant qu'il vise à « [consolider] feu le régime des calamités agricoles tout en rendant bien plus accessible l'assurance privée ». Consolider le régime des calamités en pénalisant lourdement – à hauteur de 50 % des montants d'indemnisation du troisième étage public – les agriculteurs qui ne souscriraient pas de contrat multirisque climatique : voilà une drôle de façon de présenter les choses.

Par ailleurs, vous justifiez l'imprécision de la réforme – on ne connaît ni le détail des seuils applicables, ni les conditions de fixation des contrats proposés aux agriculteurs – en arguant de votre volonté de rester le plus fidèle possible à l'évolution du droit européen et aux possibilités offertes par le règlement « omnibus ». Mais de quel niveau de couverture parlez-vous quand les critères fondamentaux soit sont laissés intégralement à l'appréciation du pouvoir réglementaire, soit feront l'objet de décisions techniques du futur comité chargé de l'orientation et du développement de l'assurance récolte (CODAR) ? Comment le législateur peut-il se prononcer sur un système dont il ne connaît pas les mécanismes ?

Vous parlez d'une assurance plus juste, mais le texte ne fait pas mention des inégalités de revenus entre exploitations et ne prévoit aucune progressivité des soutiens à l'assurance récolte en fonction de la structure et des revenus de ces dernières. Il ne traduit pas non plus la moindre volonté d'aborder ces questions. Pourtant, au vu du fiasco que représentent les contrats actuels d'assurance récolte, nous savons bien qu'il s'agit du problème de fond.

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