Intervention de Stéphane Viry

Séance en hémicycle du jeudi 13 janvier 2022 à 9h00
Reconnaissance de l'endométriose comme une affection de longue durée — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Viry :

Cela a été dit, je le répète : en France, l'endométriose touche près d'une femme en âge de procréer sur dix – entre 1,5 et 2,5 millions de femmes en seraient atteintes. Cette maladie gynécologique fréquente, évolutive, incurable est liée à la présence anormale de tissus semblables à ceux de la muqueuse utérine, aussi appelée endomètre, en dehors de l'utérus. Au lieu de s'évacuer, ces tissus migrent vers d'autres organes, ce qui peut provoquer des lésions douloureuses et des risques d'infertilité.

L'endométriose est une maladie très difficile à vivre au quotidien. Elle altère socialement, professionnellement et économiquement la vie des femmes atteintes, qui souffrent notamment de fatigue chronique, de perte de confiance en elles, d'anxiété, de la remise en question de leurs projets d'enfants, d'absentéisme au travail. Les symptômes et les conséquences de cette maladie chronique sont très variables, ce qui rend le diagnostic difficile, en particulier parce qu'il n'existe aucune technique de dépistage.

Si certaines solutions, comme la prise d'un traitement hormonal et des actes chirurgicaux, permettent parfois d'atténuer les douleurs des patientes, il n'existe pas à ce jour de traitement efficace pour soulager ces femmes de manière définitive.

L'endométriose reste une maladie trop peu connue du grand public et du corps médical. Seules quelques études scientifiques ont été menées sur ce sujet, qui suscite des avis divergents au sein de la communauté médicale. Cette méconnaissance entraîne des retards considérables du diagnostic et de la prise en charge. En moyenne, l'endométriose est identifiée avec sept ans – sept ans ! – de retard. Pendant ces sept années, les femmes concernées restent sans réponse quant à la pathologie qui les fait souffrir ; ce sont sept années de questionnements et d'errances thérapeutiques, jalonnées par des consultations médicales régulières, qui souvent ne permettent pas de mettre un mot sur le mal.

L'endométriose est devenue un sujet de société et la parole se libère progressivement. Depuis quatre ans et demi, des députés ont pris des initiatives dans ce domaine. Un peu partout en France, les femmes atteintes s'expriment pour témoigner de leurs souffrances, les partager avec d'autres femmes, notamment par l'intermédiaire des associations nationales ; parallèlement, elles tentent, grâce à leur témoignage et à leur expérience de vie, d'aider les professionnels de santé à comprendre la maladie et de les convaincre de mieux la prendre en considération.

La présente proposition de résolution, déposée par le groupe La France insoumise, vise à reconnaître l'endométriose comme une affection de longue durée. Elle fait écho à plusieurs initiatives parlementaires prises depuis le début de cette législature, notamment à une proposition de loi que j'avais déposée et enregistrée en juillet 2020, visant à faire de la lutte contre l'endométriose la grande cause nationale 2021, pour une meilleure reconnaissance institutionnelle. Véronique Louwagie s'était fortement impliquée dans ce projet. Le texte que nous examinons, grâce aux députés de La France insoumise – je les en remercie –, constitue un pas de plus vers une meilleure reconnaissance et surtout vers la prise en charge de l'endométriose, par son inscription sur la liste des affections de longue durée. Il ne peut que faire consensus sur tous les bancs de cette assemblée et le groupe Les Républicains votera évidemment pour son adoption.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.