Je regrette cette intervention, madame la ministre déléguée : vous racontez n'importe quoi sur un problème qui pourrait concerner n'importe qui. Votre propos pose problème car absolument rien ne tient debout.
Je commencerai par le début : nous souhaitons bloquer les prix pour résoudre un problème concret qui touche des millions de nos concitoyennes et de nos concitoyens, ceux qui souffrent, qui sont dans la pauvreté, dans la misère et qui vivent dans des conditions indignes parce qu'ils ne peuvent pas régler leur facture d'électricité et de gaz. Ainsi, l'électricité et le gaz sont coupés – oui, des coupures ont lieu même pendant la trêve hivernale, ou bien le compteur est réduit comme peau de chagrin, ce qui revient au même –, tout comme l'eau qui continue d'être coupée dans notre pays bien que cela soit illégal. Sans parler de tous ceux qui ne peuvent pas faire le plein de carburant de leur véhicule ni se nourrir convenablement. Cela a été rappelé tout à l'heure, 8 millions de personnes ont recours à l'aide alimentaire, ce qui est énorme. Ce chiffre a d'ailleurs bondi en raison de la crise du covid et de la politique que vous menez.
Actuellement, le blocage des prix est possible de façon ponctuelle dans « des circonstances exceptionnelles ». L'article 1er de la proposition de loi ajoute la possibilité de bloquer les prix lors d'une situation « d'urgence sociale » ; il est nécessaire de prévoir ce critère étant donné la situation actuelle.
Quant à l'article 2, il ne vise aucunement à faire un coup politique. Cette disposition, qui prévoit d'étendre à l'Hexagone l'application de dispositions actuellement en vigueur dans les territoires d'outre-mer, n'a rien d'extraordinaire ; on a connu des mesures plus spectaculaires. Nous vous proposons un dispositif qui fonctionne, peut-être pas suffisamment à votre goût ni au nôtre ; néanmoins, il constitue une plus-value pour les consommateurs et pour les producteurs locaux – j'y reviendrai.
D'abord, il me faut revenir sur les mensonges ou les inepties que vous avez prononcés, madame la ministre déléguée. Vous avancez que 1 million d'emplois ont été créés et que le chômage a baissé. Mais si l'on regarde bien – je ne vais pas entrer dans des détails techniques, même si vous aimez cela –, le halo du chômage, c'est-à-dire les personnes occupant des emplois précaires, a cru énormément. Ainsi, le nombre de travailleurs pauvres continue de progresser.
J'en veux pour preuve l'augmentation du pouvoir d'achat que vous revendiquez. En moyenne, c'est vrai, mais si nous regardons dans les détails, les 5 % des personnes les plus pauvres du pays se sont appauvries de 5 % durant les quatre dernières années du fait de votre politique publique, alors que celles tout en haut du panier ont effectivement augmenté leur pouvoir d'achat et se sont enrichies. Vous dites que le revenu des personnes les plus modestes a progressé ; certes, il a augmenté, mais tellement moins vite que celui des personnes tout en haut du panier que nous nous demandons si vous conduisez une politique de résorption des inégalités. En fait, tel n'est pas le cas car les indicateurs d'inégalités ont augmenté durant ces quatre dernières années également.