Intervention de Stéphane Viry

Séance en hémicycle du jeudi 13 janvier 2022 à 9h00
Blocage des prix — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Viry :

Les satisfecits triomphants que l'on entend chaque jour – et ce matin même – dans l'hémicycle et dans les médias ne pourront pas cacher la réalité prégnante de la hausse de la pauvreté et de la précarité en France en 2022. Je remercie le rapporteur et son groupe de nous permettre de débattre du pouvoir d'achat, de l'inflation et du quotidien des Français, à l'heure où le Président, candidat sans l'être, mais qui ne se prive pas d'utiliser les moyens de l'État pour battre campagne, cherche à éluder le débat sur les défaillances de son bilan, entre autres en ce qui concerne la hausse de la pauvreté, en surjouant quotidiennement une partition sanitaire qui divise le pays et provoque la discorde nationale.

Les chiffres, qui sont connus de tous, nous amènent à un constat effrayant : 8 millions de Français ont besoin d'une aide alimentaire quotidienne.

Notre parti, Les Républicains, avait, au début de l'année 2021, proposé un plan de lutte contre la précarité alimentaire. Nous devons en effet aller beaucoup plus loin dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Nous avons aussi proposé de verser un chèque alimentaire de 450 euros par trimestre aux plus de 6 millions de Français qui bénéficient de l'allocation logement.

Cette discussion est l'occasion pour moi de saluer le rôle essentiel des associations et des bénévoles qui, dans tous nos territoires, soutiennent à bout de bras nombre de familles. La Croix-Rouge, le Secours populaire, le Secours catholique, les Restos du cœur, les banques alimentaires ou les centres communaux d'action sociale déploient tant d'énergie en faveur des plus démunis !

La pauvreté, la vraie, celle qui touche à la capacité de chacun de vivre dignement, n'est pas toujours visible. Les mesures de soutien pendant la crise du covid ne suffisent pas à enrayer sa progression en France, notamment au cours des deux dernières années, durant lesquelles plus de 300 000 personnes sont tombées sous le seuil fatidique de la pauvreté, entraînant avec elles leurs familles.

Ces difficultés ne se concentrent pas uniquement sur les Français les plus précaires, mais trouvent désormais une résonance dans les classes moyennes, confrontées à une montée en flèche des prix de produits et de services de première nécessité indispensables à la vie quotidienne. Cette augmentation du coût de la vie et cette perte de pouvoir d'achat frappent nombre de nos concitoyens qui travaillent et qui pourtant ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Leur quotidien est difficile et leurs fins de mois, épuisantes. Ils subissent la hausse du prix des carburants et des énergies, le diesel atteignant près de 1,60 euro et le fioul plus de 1 euro par litre en ce début d'année 2022. Ces augmentations touchent tous les Français, mais elles affectent particulièrement les habitants des territoires ruraux, qui n'ont souvent pas d'autre choix que d'utiliser leur véhicule personnel pour aller travailler, pour amener leurs enfants à l'école ou à des activités de loisir, et dont les habitations sont équipées d'un chauffage assez énergivore.

Pour revenir à votre proposition de loi, nous ne voterons pas ce texte en séance publique, monsieur le rapporteur, comme nous ne l'avons pas voté en commission. Quel que soit le constat que nous dressons de la situation, nous avons la conviction que les propositions que vous avancez ne sont pas à même de répondre à ces difficultés.

Cette véritable divergence est tout autant le résultat d'une différence de perspective philosophique que celui d'une observation de la réalité économique de nombreux pays au cours du XXe siècle, où la majeure partie de la population s'est trouvée plongée dans le marasme et la précarité. Nous ne croyons pas à une économie régie par des prix administrés.

Nous considérons qu'une offre doit trouver sa demande et inversement, et que seule la libre fixation du prix permet d'atteindre cet objectif. Cela n'empêche pas la puissance publique d'orienter et de réguler le marché, ainsi que de soutenir la compétitivité de l'offre grâce à des prix attractifs. Mais en bloquant les prix, c'est l'économie elle-même que l'on entrave.

Je conclus néanmoins en renouvelant nos remerciements au rapporteur pour avoir suscité ce débat. Le groupe Les Républicains rappelle son attachement à lutter pied à pied, chaque jour, pour faire reculer la précarité dans notre pays, en particulier celle des jeunes. Nous partageons tous la conviction que cet enjeu sera absolument majeur dans les échéances électorales à venir.

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